Paire, il n’y en a vraiment pas deux
Appelé pour la première fois en équipe de France, l’Avignonnais pourrait disputer la demi-finale de Coupe Davis contre l’Espagne
C’est une phrase souvent répétée par les footballeurs qui évoquent la bonne entente dans leur équipe : « Le groupe vit bien.» Une formule que l’on pourrait appliquer aux Bleus du tennis, qui affrontent l’Espagne en demi-finale de la Coupe Davis, de vendredi à dimanche. Mais il faut voir d’où on part. Alors qu’ils partagent les parties sur console aujourd’hui, Pouille et Paire ne se parlaient plus il y a encore six mois. Une sombre embrouille datant d’une finale à Mouilleron-le-Captif (Vendée), en 2015. «Benoît avait été sur courant alternatif, comme il est parfois. Pouille avait perdu et ne lui avait pas serré la main, se souvient Matthieu Blesteau, organisateur de l’événement. Après, l’affaire a été montée en épingle. » Et les JO 2016, où Paire n’en avait fait qu’à sa tête, n’avaient pas arrangé la chose. L’Avignonnais a toujours été un cas à part. Arrivé tard au très haut niveau, il n’a jamais connu les équipes de France de jeunes, qui forgent les amitiés et pardonnent les vexations. Et le garçon a tout fait pour se faire détester avec un enthousiasme désarçonnant. Pourtant, ceux qui le connaissent décrivent un homme adorable et respectueux. «C’est quelqu’un qui aime être entouré et qui a l’esprit d’équipe à fond, indique Hugo Nys, son partenaire de double à l’US Open. Il a été très fort au foot quand il était plus jeune, donc il a déjà cette expérience d’équipe. Il est demandeur de ce genre d’ambiance.» Paire a fini par exprimer ses désirs. Une réconciliation avec Pouille et un coup de fil au capitaine Yannick Noah, pour lui dire sa volonté d’intégrer le groupe «avant que la Coupe Davis ne soit morte». Puis, il a ajouté une deuxième couche dans L’Equipe : « Bien sûr que je suis différent sur un court, mais quand il faudra se mettre au service du groupe, je serai là. » Des paroles et des actes. L’Avignonnais semble s’être parfaitement fondu dans le groupe. Le voir sur le terrain est-il pour autant envisageable contre les Espagnols ? C’était presque acquis si Nadal avait été là, mais face à des adversaires abordables comme Bautista Agut ou Carreno Busta, le tennis de Paire peut ressembler à une prise de risque farfelue. « Benoît a un jeu atypique et une forme de préparation atypique aussi, a commenté Noah. Mais il s’est adapté. Il fait le taf.» «Il peut avoir une attitude agaçante, mais s’il y a bien un mec qui peut tenter ce pari et le gérer comme il faut, c’est Yannick», l’encourage Matthieu Blesteau, resté proche du joueur. Avouons que voir Paire dimanche soir, pour le match décisif, est une perspective aussi dangereuse qu’excitante. On signe où?
« Il a un jeu atypique et une forme de préparation atypique, aussi. » Le capitaine Yannick Noah