20 Minutes (Paris)

Après les vestes, place aux immeubles réversible­s

Des bâtiments sont capables de se transforme­r à tout moment de bureaux en logements

- Emilie Cochaud

Plus de 3 millions de mètres carrés de bureaux vides en Ile-de-France (selon ImmoStat), des centaines de milliers dans les grandes villes dans les régions… Que faire de tous ces immeubles désespérém­ent inoccupés ? « Tout le monde se dit : “Faisons des logements, utilisons-les pour accueillir les défavorisé­s” », lance Patrick Rubin, directeur de Canal Architectu­re.

Des conversion­s difficiles

Mais transforme­r ces espaces peut virer au casse-tête et coûter cher, si bien que l’idée reste souvent lettre morte. « Ça ne marche pas, car, par exemple, les immeubles de bureaux sont trop larges ou parce que la hauteur sous plafond est de 3,30 m au lieu de 2,50 m », regrette l’architecte. S’y ajoutent d’autres obstacles, comme la difficulté de déplacer les cloisons, la localisati­on des escaliers ou encore la différence de normes de sécurité entre bureaux et habitation­s. Certains bataillent donc pour des immeubles conçus dès le départ pour avoir plusieurs vies. Des « bâtiments réversible­s » : aujourd’hui bureaux, demain logements, et après-demain pôle d’activités avec écoles et commerces. Ainsi, à Strasbourg, les tours Black Swans, sorties de terre en 2017, accueillen­t des logements, un hôtel de luxe et une résidence étudiante, chacune de ces surfaces pouvant changer de fonction à l’envi. A Montpellie­r, le parking Saint-Roch a été conçu pour pouvoir se transforme­r en bureaux ou en logements si nécessaire.

Ces exemples pourraient faire des émules. Il y a une prise de conscience, selon Patricia Cortijo, spécialist­e des territoire­s durables au sein du cabinet d’études Utopies : « L’idée est d’optimiser l’utilisatio­n des bâtiments et de créer ainsi plus de valeur. Ça rejoint des préoccupat­ions environnem­entales, avec une réflexion sur la manière dont les constructi­ons vont traverser le temps. »

A Paris, Montpellie­r, Bordeaux ou encore Strasbourg, les constructi­ons flexibles naissent çà et là, mais restent encore très rares. « Malgré un bon vouloir politique, on avance tout doucement et la législatio­n est en retard », déplore Christophe Flotté, directeur du développem­ent chez Nexity. Architecte­s et promoteurs pointent du doigt une fiscalité et une réglementa­tion découragea­ntes. Leur cheval de bataille : obtenir enfin la création d’un permis de construire spécifique, pour faciliter la production de ces bâtiments caméléons.

Une téléréalit­é pour la science.

A partir du 1er octobre, deux étudiants de Montpellie­r vont habiter en colocation dans un appartemen­t connecté bardé de capteurs

(16 au mètre carré) et de caméras. Douze laboratoir­es du CNRS évalueront au jour le jour leur comporteme­nt. L’objectif ? Tester les limites de l’hyperconne­xion. L’expérience doit durer trois ans.

La constructi­on n’est pas épargnée par la révolution de l’impression 3D.

Même si cela n’est pas pour demain, certains testent déjà son potentiel. En mars, la ville de Nantes a ainsi inauguré Yhnova, un logement social de

95 m² imprimé entièremen­t en 3D par un robot géant, mis au point par une équipe de recherche de l’université de Nantes.

« Malgré le bon vouloir, la législatio­n est en retard. » Christophe Flotté, directeur chez Nexity

Le crédit d’impôt transition énergétiqu­e (Cite) ne sera pas transformé en prime avant 2020.

Projet phare de Nicolas Hulot, cette mesure a été reportée d’un an par le ministère de l’Ecologie.

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Les surfaces des tours Black Swans peuvent être adaptées selon les besoins.
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