« J’ai été bouleversée par l’affaire Jacqueline Sauvage »
Violences conjugales Muriel Robin incarne à l’écran Jacqueline Sauvage, condamnée, puis graciée, pour le meurtre de son mari qui la battait
Dans le bouleversant téléfilm Jacqueline Sauvage : C’était lui ou moi, réalisé par Yves Rénier et diffusé ce lundi à 21 h sur TF1, Muriel Robin incarne cette femme condamnée, puis graciée, pour le meurtre de son mari qui l’avait brutalisée pendant quarantesept ans. 20 Minutes a rencontré l’actrice au Festival de la fiction TV de La Rochelle, mi-septembre. Depuis, elle a signé une tribune dans le JDD du 23 septembre, rejointe par 87 personnalités, pour que les victimes de violences conjugales « ne meurent plus dans l’indifférence totale » (lire ci-dessous).
Aviez-vous suivi l’affaire Jacqueline Sauvage dans les médias ?
Oui, comme beaucoup. J’étais bouleversée. Je ne sais pas si on est très nombreux à connaître des femmes battues, puisqu’elles se taisent. On a tous été un peu obligés de savoir ce que l’on pensait de cette affaire.
Tourner ce téléfilm a-t-il, justement, changé votre perception de l’affaire ?
Non, ça n’a rien changé. Et j’ai trouvé que toute cette énergie autour de Jacqueline Sauvage, avec la pétition, puis avec le téléfilm, est une forme de réparation.
Vous avez rencontré Jacqueline Sauvage avant le tournage. Comment a-t-elle réagi au fait que son histoire soit portée à l’écran ?
C’est une femme intelligente, courageuse et responsable aussi. Si elle a été d’accord, ce n’était peut-être pas à titre personnel, mais avec la conscience que cela pouvait aider d’autres femmes. Celles qui ont vécu ces violences, qui ne se connaîtront jamais, mais qui sont liées à jamais.
Que représente ce rôle pour vous ?
C’est un grand rôle, c’est indéniable. Sur scène, je fais des choses drôles, à l’écran, jamais. Ce rôle va-t-il éclairer mon travail autrement ? On me dit en tout cas qu’il y aura un avant et un après. Si c’est le cas, tant mieux. Mais, encore une fois, moi, je me sens davantage citoyenne : je veux défendre le sujet plus que l’actrice.
Votre notoriété peut-elle servir la cause des femmes battues ?
Je ne suis pas bien placée pour le dire, mais c’est ce que l’on me dit. J’ai une très belle histoire d’amour, de confiance, avec le public. Il me connaît, parce que j’ai souvent parlé de mes états d’âme. Plus les gens regarderont le téléfilm, mieux ce sera pour le sujet.
Ce téléfilm peut-il changer notre regard sur les femmes battues ?
Dans la réalité, on ne voit pas les coups, ni l’histoire d’amour, où se nouent les névroses. Et c’est de ça dont on parle dans le téléfilm. Grâce à lui, on a le regard qui change, on a toutes les réponses à nos questions, comme pourquoi Jacqueline Sauvage n’est-elle pas partie?