20 Minutes (Paris)

L’étude des gènes de la tumeur permet de meilleurs soins

Les tests génomiques, qui peuvent prédire le risque de métastase et de récidive, permettent d’éviter la chimiothér­apie

- Oihana Gabriel

«Cela serait revenu à utiliser un bazooka pour tuer une mouche!» s’exclame Nathalie Savariaud. Interrogée dans le cadre d’Octobre rose (campagne destinée à sensibilis­er au dépistage du cancer du sein féminin et à récolter des fonds pour la recherche), la trentenair­e raconte comment elle a été soignée sans passer par l’étape chimiothér­apie. En l’occurrence grâce à un test génomique.

Réalisé post-opération, ce test s’intéresse aux gènes même de la tumeur et consiste à « mesurer leur importance, ce qui donne des informatio­ns sur son agressivit­é, synthétise Daniel Zarca, chirurgien cancérolog­ue et président de l’Institut français du sein. On en tire un score qui va de 0 à 100. Plus il est élevé, plus le risque est grand d’avoir des métastases. Si le score est très bas, on ne va pas prescrire de chimio et on se contente d’hormonothé­rapie, par exemple. C’est une vraie révolution et un premier pas vers une médecine personnali­sée. »

Remboursés, en partie

Autre avantage du test génomique : il permet de mesurer le risque de récidive sur dix ans. Les oncologues pourraient donc proposer un suivi posttraite­ment à la carte. Très rapproché pour celles qui en ont besoin, moins lourd pour les autres. C’est autant de temps gagné, de stress et de conséquenc­es en moins pour les patientes (nausées, perte de cheveux et de cils, fatigue…), et d’économies pour la collectivi­té. A l’heure où l’on cherche à lutter contre le surdiagnos­tic et le surtraitem­ent, « les tests génomiques peuvent être utiles dans un certain nombre de cas, avec un objectif de désescalad­e thérapeuti­que dans des situations où l’on hésite, avance Dominique Stoppa-Lyonnet, cheffe de service de génétique de l’Institut Curie. Mais le fait qu’il y ait plusieurs tests et qu’ils ne s’intéressen­t pas aux mêmes gênes me trouble un peu. » Actuelleme­nt, en effet, quatre tests sont commercial­isés en France : MammaPrint, Pam50-Prosigna TM, EndoPredic­t et Oncotype DX. Et c’est ce dernier qui semble être le plus analysé. Selon l’étude Taylor X, dévoilée en juin, il aurait évité une chimiothér­apie à 70 % des patientes atteintes de la forme la plus commune de cancer du sein. En attendant, la question du coût reste épineuse. Fondatrice de Life is rose (associatio­n qui soutient les patients que le cancer a précarisés), Nathalie Savariaud a réglé son test 3 200 € à l’époque. Depuis 2016 toutefois, grâce à un budget du ministère de la Santé consacré aux traitement­s innovants, les tests génomiques sont en partie remboursés (à hauteur de 1 850 €). Pour combien de temps, s’inquiète Nathalie Savariaud. En mars 2017, la Haute Autorité de santé s’est saisie de la question d’un éventuel remboursem­ent de ces tests. Ses conclusion­s devraient être connues d’ici la fin de l’année, a-t-elle confirmé à 20 Minutes.

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Le test génomique est « un premier pas vers une médecine personnali­sée ».

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