Castaner a un plan pour s’attaquer aux bandes rivales
Le ministre de l’Intérieur a présenté un plan contre les rixes entre jeunes
A peine pose-t-il le pied jeudi sur la grande dalle du quartier Place des Fêtes (Paris, 19e) que Christophe Castaner est interpellé. « Mon fils a été tué, il était innocent », s’époumone une femme. Le drame est survenu en janvier, lors d’une rixe entre des gamins du quartier et d’autres, originaires de Bastille. La mort d’un autre jeune du quartier dans la nuit de mardi à mercredi, dans des conditions quasiment identiques, semble avoir ravivé sa douleur.
Huit morts en deux ans
En deux ans, huit jeunes hommes ont été tués à Paris dans des violences entre bandes rivales, a déploré le nouveau ministre de l’Intérieur. Pendant près d’une heure, il s’est entretenu avec des policiers, des élus et des responsables associatifs pour tenter de comprendre comment pareils drames avaient pu se produire. «Ce sont souvent des raisons tellement futiles qu’elles bousculent notre grille de compréhension », a-t-il confié. Et d’évoquer la rixe survenue il y a quinze jours aux Lilas et qui prendrait sa source dans une histoire de « casquette ». Pourtant, à en croire les derniers chiffres communiqués par la préfecture de police de Paris, les violences entre bandes ont baissé de 30 % dans la capitale et de 19 % sur l’ensemble de la petite couronne entre 2016 et 2017. «Mais la violence dont elles font part est insupportable», a déploré Christophe Castaner, avant de dévoiler les contours d’un nouveau plan de lutte contre ce phénomène. De nouveaux moyens seront déployés : un référent sera mis en place dans chaque commissariat pour faire le lien avec les partenaires sociaux, des fonctionnaires se spécialiseront dans tous les services de PJ… Surtout, le premier flic de France a annoncé un changement de philosophie : « Je souhaite qu’on travaille sur une approche par individu.» Les bandes étant mouvantes, rarement constituées autour d’un chef désigné, il est difficile d’en dessiner les contours.
Plus qu’un dispositif policier renforcé, certains habitants, à l’instar de ce « grand frère » du quartier, auraient aimé que les autorités mettent l’accent sur les infrastructures à destination des ados. Le centre d’animation est une « salle vide », le terrain de foot a disparu, le stade est fermé l’essentiel du temps. « Quand on est dehors à 15 ans et qu’on ne sait pas quoi faire, on se bagarre et on meurt», lâche-t-il.