« Les jeunes sont pessimistes pour la société, mais optimistes pour eux »
C’est un portrait des jeunes Français d’aujourd’hui que nous propose la sociologue Anne Muxel dans son essai Politiquement jeune*. 20 Minutes l’a interrogée, entre autres, sur les pratiques politiques de la jeunesse.
La jeunesse française est-elle particulièrement pessimiste ?
Ce n’est pas parce que les jeunes sont pessimistes sur les chances que la société leur offre, ou non, qu’ils ne sont pas optimistes. Ce qui les caractérise, c’est qu’ils sont très pessimistes collectivement, pour la société, mais très optimistes pour eux-mêmes. Chacun a confiance dans sa capacité à développer des modes de résilience, des contournements, des stratégies, y compris par la débrouillardise ou le libre entreprenariat. Il y a des espérances individuelles. En cela, c’est une génération courageuse, qui déploie des outils nouveaux.
Quelles conséquences cela a-t-il sur leur participation politique ?
Même s’il y a de la part des jeunes beaucoup de suspicion envers les politiques, ils s’expriment, via la manifestation, la pétition. Ils s’engagent aussi, en choisissant d’autres voies que les partis ou les syndicats, comme des associations.
La manifestation reste un mode de mobilisation populaire chez les jeunes...
Oui, un jeune sur deux a déjà manifesté et 38% se disent prêts à le faire. Il y a une socialisation politique qui se fait à travers la protestation.
* Editions de l’Aube/Fondation Jean-Jaurès.