Les habitants des immeubles effondrés témoignent
Plusieurs habitants du deuxième bâtiment qui s’est effondré lundi se plaignaient de son état de délabrement, selon leurs proches
Une bougie à la main, un homme reste prostré devant le périmètre de sécurité installé rue d’Aubagne, à Noailles, ce quartier du centre-ville de Marseille. «Je garde espoir», prononce-t-il à grand-peine, toujours sous le coup de l’émotion. La veille (lundi), au matin, trois immeubles de la rue se sont effondrés. Plusieurs personnes ont été portées disparues (lire l’encadré). Parmi elles, Simona, une Italienne de 24 ans que l’homme à la bougie connaît depuis plusieurs années et qui vivait au numéro 65, le deuxième bâtiment à s’être écroulé.
Des familles dans l’attente
Selon La Provence, vendredi, la jeune femme avait passé la soirée chez Fabien, son voisin de palier, avec l’ami de ce dernier. Elle leur aurait fait part de sa conviction que l’immeuble allait s’effondrer et qu’elle comptait impérativement déménager. Mardi, arrivés d’Italie et toujours sans nouvelles de leur fille, les parents de Simona ont été pris en charge par la cellule d’accueil des familles. «On voyait que l’immeuble était en mauvais état », lâche Imane, qui était venu dimanche réparer une porte qui ne fermait plus chez sa mère. Il la recherche depuis lundi. Elle aussi avait « la volonté de quitter son appartement à cause de son état insalubre », témoigne le directeur d’une association du quartier. Dans ce quartier populaire où les marchands de sommeil semblent avoir pignon sur rue, beaucoup de gens se débrouillaient pour se loger. Dont des sans-papiers. C’est le cas de Chérif, un Algérien qui avait passé la nuit de dimanche à lundi chez Rachid, au 2e, avec un ami. Aux alentours de 9 h, Rachid est sorti acheter des cigarettes. Quand il est revenu, l’immeuble avait disparu. Ses deux amis aussi. «Nous avons donné un descriptif de Chérif, avec des photos récentes et l’emplacement de ses tatouages, témoigne une cousine. Mais nous n’avons aucune information.» Difficile de savoir qui se trouvait précisément à ce moment-là dans cet immeuble délabré. Une maman algérienne et ses deux enfants auraient déménagé deux jours avant le drame. Mais personne n’a de nouvelles de Julien, au 2e, ou encore de Marie, au 4e.
Pierre et Alexia, eux, ont eu beaucoup de chance. Lassés de l’état de leur appartement, ils étaient partis passer le week-end à Paris. Leur retour était prévu lundi, mais un coup de fil de leur propriétaire les a avertis du drame. « C’était la première fois qu’il s’inquiétait pour nous», persifle Pierre.