Patient, oui, mais élève avant tout
A Sceaux, la clinique Dupré propose un parcours mêlant des soins et des cours à des jeunes atteints de troubles psychiatriques
Des arbres apaisants, des chambres individuelles, de petites salles de classe et une médiathèque bien fournie. Loin des caricatures d’un hôpital psychiatrique angoissant, la clinique Dupré, à Sceaux (Hauts-de-Seine), propose un cadre serein et, surtout, une démarche originale pour éviter aux 16-25 ans atteints de troubles psychiatriques de lâcher les études. En l’occurrence un parcours mêlant soins et enseignement (lire l’encadré).
«On dit facilement qu’on est atteint de diabète, moins qu’on est psychotique», introduit Blandine Charrel, directrice de la clinique francilienne. Encore moins à l’adolescence, période critique où sortir de la norme rime avec railleries et solitude. «Ce parcours soinsétudes rassure, les familles acceptent donc mieux ces soins importants et dans la durée », souligne Blandine Charrel. «On le voit d’ailleurs chez les patients, qui vont moins renoncer à leur traitement », complète Patricia Benhamou, psychiatre à la clinique.
Construire son avenir
Dans les faits, chaque patient-élève a un emploi du temps aménagé en fonction de ses besoins, et de son évolution : cours dans son niveau, ateliers de danse, chant, relaxation et rendezvous avec le psychiatre. «Nous respectons les programmes de l’Education nationale, mais nous adaptons notre pédagogie à l’élève, en fonction notamment de sa fatigue», explique Nadia Azzimani, enseignante d’anglais à la clinique. L’objectif est, dans un premier temps, d’aider le patient-élève à «retrouver de la concentration, une possibilité d’être avec les autres, un plaisir d’apprendre et à refaire une activité manuelle», poursuit l’enseignante rattachée au lycée Lakanal. Dans un second temps, il s’agit de l’aider à construire son avenir professionnel. Documentaliste à la clinique, Héloïse Roguet aborde donc dans des ateliers la question de l’orientation (remplir Parcoursup, rédiger un CV…). Si, en moyenne, ces jeunes passent un an à la clinique, ils restent toujours en lien avec l’extérieur. «Ils retournent dans leur famille le week-end et les vacances, quand leur état le permet, précise Patricia Benhamou. On les encourage aussi à garder des liens avec leurs amis, leurs loisirs.» Un accompagnement visiblement bénéfique. Les psychiatres qui adressent leurs patients à cette clinique ne s’y sont pas trompés : il y a dix à douze mois d’attente pour obtenir l’un des 106 lits d’hospitalisation.