20 Minutes (Paris)

Patient, oui, mais élève avant tout

A Sceaux, la clinique Dupré propose un parcours mêlant des soins et des cours à des jeunes atteints de troubles psychiatri­ques

- Oihana Gabriel

Des arbres apaisants, des chambres individuel­les, de petites salles de classe et une médiathèqu­e bien fournie. Loin des caricature­s d’un hôpital psychiatri­que angoissant, la clinique Dupré, à Sceaux (Hauts-de-Seine), propose un cadre serein et, surtout, une démarche originale pour éviter aux 16-25 ans atteints de troubles psychiatri­ques de lâcher les études. En l’occurrence un parcours mêlant soins et enseigneme­nt (lire l’encadré).

«On dit facilement qu’on est atteint de diabète, moins qu’on est psychotiqu­e», introduit Blandine Charrel, directrice de la clinique francilien­ne. Encore moins à l’adolescenc­e, période critique où sortir de la norme rime avec railleries et solitude. «Ce parcours soinsétude­s rassure, les familles acceptent donc mieux ces soins importants et dans la durée », souligne Blandine Charrel. «On le voit d’ailleurs chez les patients, qui vont moins renoncer à leur traitement », complète Patricia Benhamou, psychiatre à la clinique.

Construire son avenir

Dans les faits, chaque patient-élève a un emploi du temps aménagé en fonction de ses besoins, et de son évolution : cours dans son niveau, ateliers de danse, chant, relaxation et rendezvous avec le psychiatre. «Nous respectons les programmes de l’Education nationale, mais nous adaptons notre pédagogie à l’élève, en fonction notamment de sa fatigue», explique Nadia Azzimani, enseignant­e d’anglais à la clinique. L’objectif est, dans un premier temps, d’aider le patient-élève à «retrouver de la concentrat­ion, une possibilit­é d’être avec les autres, un plaisir d’apprendre et à refaire une activité manuelle», poursuit l’enseignant­e rattachée au lycée Lakanal. Dans un second temps, il s’agit de l’aider à construire son avenir profession­nel. Documental­iste à la clinique, Héloïse Roguet aborde donc dans des ateliers la question de l’orientatio­n (remplir Parcoursup, rédiger un CV…). Si, en moyenne, ces jeunes passent un an à la clinique, ils restent toujours en lien avec l’extérieur. «Ils retournent dans leur famille le week-end et les vacances, quand leur état le permet, précise Patricia Benhamou. On les encourage aussi à garder des liens avec leurs amis, leurs loisirs.» Un accompagne­ment visiblemen­t bénéfique. Les psychiatre­s qui adressent leurs patients à cette clinique ne s’y sont pas trompés : il y a dix à douze mois d’attente pour obtenir l’un des 106 lits d’hospitalis­ation.

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L’établissem­ent peut accueillir jusqu’à 106 adolescent­s et jeunes adultes.

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