La boxe sous la menace d’un K-O
Le bureau exécutif du CIO doit décider de l’avenir olympique de la boxe amateur, alors que la gestion de la Fédération internationale inquiète
Le courage légendaire du CIO est une nouvelle fois mis à rude épreuve. Sur la table : le cas de l’Aiba, la Fédération internationale de boxe, qui a porté à sa tête Gafur Rakhimov, un sulfureux Ouzbek. Il plane dans l’air la menace d’une exclusion de la discipline dès les JO de Tokyo en 2020. Mais personne n’y croit vraiment, depuis la sortie du patron du CIO Thomas Bach : « Nous ne voulons pas que les athlètes soient punis pour le mauvais comportement de certains responsables.»
Ces louables intentions font le bonheur des Français, qui ont ramené six médailles des JO de Rio en 2016. «On a été inquiet de tout perdre quand on a vu le gagnant des élections [Rakhimov], même si on l’est un peu moins aujourd’hui », indique le directeur technique national Patrick Wincke. Oui, car Gafur Rakhimov (67 ans) est accusé par le Département du Trésor américain d’être l’un des « criminels majeurs » de l’Ouzbékistan, en raison de son implication dans le trafic d’héroïne, sa dernière lubie après la mafia du coton et de l’opium afghan. « Mais le CIO n’en a jamais fait une question de personne », reprend Patrick Wincke. Ses demandes à l’Aiba, pour garantir la place de la boxe aux JO, concernent une meilleure gouvernance financière, ainsi que des garanties sur la lutte antidopage et la réforme de l’arbitrage. A ce propos, le public n’a pas oublié le double scandale arbitral de Pékin et Londres concernant le regretté Alexis Vastine. Il était moins virulent à Rio, où les Bleus ont tout raflé. Pourtant, 36 arbitres des Jeux ont été suspendus après les épreuves. «Quand vous arrivez aux JO, vous comprenez quand vous voyez qu’on barre des noms et qu’on en rajoute d’autres pour certains combats », explique un officiel. Et les nouvelles mesures imaginées par l’Aiba pour rendre les décisions moins soupçonnables ne devraient pas changer grand-chose. Augmentation du nombre de formations, retour du panel des cinq juges, nomination d’un observateur extérieur… «Un observateur extérieur, ça existait déjà à Londres, et on a vu ce qu’il s’est passé », reprend l’arbitre. Sous-entendu : les scandales ne sont pas près de cesser, et le CIO va sans doute continuer à regarder ailleurs, tout en utilisant le levier financier. « La boxe sera présente à Tokyo, mais l’organisation ne sera pas laissée à l’Aiba, souffle un connaisseur de l’institution. Donc elle ne recevra pas les fonds du CIO. » Ce qui conduit, peu ou proue, à la condamner. « Notre situation financière est sous contrôle», répond Rakhimov. Quant à l’arbitrage, «nous travaillons avec un système efficace et transparent», assure l’Ouzbek. C’est ce qu’on voit.
Après les JO de Rio, 36 arbitres ont été suspendus.