Les Bleus, par monts et par voeux
Depuis une semaine, l’équipe de France prend ses marques au Japon
Le mont Fuji. Grand, majestueux, timide, parfois, derrière son voile nuageux. Un peu plus d’une semaine que le plus haut sommet japonais surveille le XV de France, venu boucler sa préparation physique dans cette région verte, car abondamment arrosée. Ici, on passe de 25 à 10 °C en dix minutes. Et il faut à peine plus de temps pour qu’un ciel limpide se transforme en machine à pluie apocalyptique. «On a pris la marée comme jamais j’avais pris la marée sur un terrain, racontait mardi Damian Penaud à Midi Olympique. J’avais l’impression de marcher dans la vase à la fin de l’entraînement.» Du bain au bain de foule, l’équipe de France a profité du ralentissement de la préparation physique pour aller à la rencontre des Japonais. Le jeudi, visite d’une école, avec démonstration de rugby au programme. Le samedi, petit décrassage ouvert au public. Sur le bord du terrain, les supporters sont à 99,9% japonais. Mention spéciale pour ce couple de Tokyoïtes venus de la capitale, à une heure et demie de route, paré de vieux maillots du Stade Toulousain. Tous deux avaient assisté à la défaite des Rouge et Noir en finale de la Coupe d’Europe 2004, alors qu’ils habitaient Londres.
« Depuis qu’on est arrivés [le 8 septembre], on fait terrain-hôtel, terrain-hôtel, se réjouit Maxime Médard. Rencontrer et échanger avec les Japonais, c’est cool, même si discuter, c’est difficile. » Dans cette aphonie générale, Wenceslas Lauret est plus fort que les autres. Le troisième ligne du Racing 92 concède avoir un faible pour le pays : « J’adore la culture japonaise et j’essaie de m’en imprégner au maximum, et cela passe notamment par le langage. »
Dimanche, les joueurs du XV de France ont enfilé leur plus beau costard pour aller au théâtre Stellar de Kawaguchiko, où ils ont reçu leurs «capes», comme le veut la tradition. Guilhem Guirado s’est aussi vu remettre un daruma, une figurine de papier mâché japonaise, dont il a colorié l’oeil gauche après avoir réalisé un voeu. Les Bleus ont aussi pu assister au discours du président de la fédération néo-zélandaise, Steve Tew, ainsi qu’à deux démonstrations musicales. Cette cérémonie marque « l’entrée dans la compétition, avec tout le cérémonial qui va avec», indiquait le sélectionneur, Jacques Brunel. Côté terrain, les Bleus avaient déjà pris soin de se projeter dans le Mondial, en disputant une opposition contre une équipe de première division japonaise. Victoire 12 essais à 3, dixit Guirado. «Contre l’Argentine, ça ne sera pas la même chose», prévient Arthur Iturria. Dans cinq jours, c’est une montagne qui se dressera sur leur chemin. On comprend mieux l’idée de la préparation au pied du mont Fuji.
« Rencontrer les Japonais, c’est cool, même si discuter, c’est difficile. »
Maxime Médard