20 Minutes (Paris)

Le président de la fédération, Didier Gailhaguet, se défend et cible l’actuelle ministre des Sports

Le président de la Fédération française des sports de glace, accusé d’avoir couvert des agressions sexuelles, estime être « sali »

- Nicolas Camus

Il a commencé par se dire étonné qu’il y ait autant de monde. Comme si ce qui se passe actuelleme­nt au sein de la Fédération française des sports de glace (FFSG) ne valait pas tout ce battage. Didier Gailhaguet, le patron de l’instance depuis 1998 (excepté lors de la période 2004-2007), sommé de démissionn­er par la ministre des Sports, Roxana Maracinean­u, après les révélation­s de violences sexuelles dans le patinage, s’est défendu pendant près d’une heure et demie, mercredi aprèsmidi devant nombre de journalist­es. Pas du genre à se laisser impression­ner, « l’Empereur », comme le surnomment des parents de patineurs, n’a rien cédé. Point principal de son interventi­on : il ne donnera pas satisfacti­on à la ministre. «Pour démissionn­er, il faudrait que j’aie commis des fautes. Je n’en ai pas commis, a-t-il martelé. Je suis sali par des minables. J’attendrai le résultat de l’inspection diligentée par le ministère avant de prendre une décision. » Repoussée, de fait, à au moins plusieurs semaines.

Maracinean­u « moralisatr­ice »

Didier Gailhaguet ne savait donc rien. En tout cas, rien de faits aussi graves que les viols dont est accusé Gilles Beyer. Il refuse de porter la responsabi­lité de la présence de cet ex-entraîneur dans le giron fédéral après 2000, malgré une enquête soulignant des attitudes inappropri­ées avec de jeunes patineuses. «Je n’ai absolument pas protégé Gilles Beyer», a-t-il assuré, ciblant en revanche l’ancienne ministre des Sports Marie-George Buffet qui n’aurait pas été au bout des choses en raison de «graves dysfonctio­nnements des services de l’Etat».

Didier Gailhaguet dit posséder des documents prouvant tout ça. Il a remis un dossier, d’une bonne centaine de pages, à chaque journalist­e venu l’écouter. Questionné sur les mandats détenus par Gilles Beyer au bureau exécutif de la FFSG jusqu’en 2018, le dirigeant a assuré qu’il n’y pouvait pas grand-chose car l’ex-coach y avait été élu.

« Je ne connaissai­s pas 90 % des faits sortis dans la presse ces derniers jours », a-t-il encore affirmé, alors que de très nombreux témoignage­s recueillis ces derniers jours font état d’un homme tout-puissant, à qui rien n’échappe. Imperméabl­e à la pression, il a allumé plusieurs contre-feux, attaquant notamment l’attitude « moralisatr­ice » de Roxana Maracinean­u, « drapée dans ses certitudes ». La fracture avec le ministère est actée. Le bras de fer, entamé. Au cabinet de l’ancienne championne de natation, on s’attendait de toute façon à une bataille de longue haleine. Et, dans la soirée, Didier Gailhaguet a subi un premier revers. L’associatio­n Colosse aux pieds d’argile (qui lutte contre la pédophilie dans le sport), avec qui il avait dit collaborer, a démenti cette informatio­n. «Il n’a rien fait, c’est un mensonge», a fait savoir son fondateur, Sébastien Boueilh.

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Didier Gailhaguet a affirmé qu’il n’avait commis aucune faute.

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