20 Minutes (Paris)

La précarité n’est pas une priorité dans les programmes

Plusieurs associatio­ns caritative­s veulent porter les attentes des plus démunis

- Delphine Bancaud

La voix des plus pauvres sera-t-elle entendue aux élections municipale­s? Plusieurs associatio­ns de lutte contre la pauvreté montent au créneau pour porter les attentes des plus fragiles socialemen­t. C’est le cas du Secours catholique, qui lance une campagne baptisée « Pour que comptent les voix des plus démunis » à l’occasion des municipale­s et qui a publié, jeudi, un sondage sur la perception qu’ont les maires de l’exclusion et de la précarité dans leur commune. L’objectif : mobiliser les futurs candidats sur le sujet.

Un sentiment d’impuissanc­e

Selon le sondage, seuls 9% des maires considèren­t qu’il y a un grand nombre de personnes en situation de pauvreté dans leur commune. Soit la moitié du chiffre recueilli en 2014. « Ce ressenti ne correspond ni aux chiffres de l’Insee, ni aux observatio­ns du Secours catholique sur le terrain, analyse Véronique Fayet, présidente du Secours catholique France. Peut-être parce que les pauvres, qui ont tendance à s’enfermer et se cacher, sont peu visibles.» Une majorité de maires se disent capables de venir en aide aux personnes âgées (59%), mais ils se sentent moins capables d’aider les plus démunis. Ainsi, 74% des maires déclarent qu’ils ne peuvent pas venir en aide aux chômeurs, 69% aux migrants, 60% aux mal-logés.

« Les maires ont entre leurs mains des moyens qui leur permettrai­ent d’en faire davantage pour les plus modestes », estime la présidente du Secours catholique France. En mettant en place un tarif social pour la cantine, par exemple. «Or seulement 42 % des maires le font, alors que c’était un objectif du plan pauvreté lancé par Emmanuel Macron en septembre 2018 », observe Jérôme Fourquet, directeur du départemen­t opinion de l’Ifop. Reste à savoir si les candidats aux municipale­s intégreron­t la problémati­que des plus pauvres dans leur programme. Pas évident, quand on sait que les plus précaires rechignent à se rendre au bureau de vote. «Ce sont les publics les moins intégrés dans le jeu politique, analyse Jérôme Fourquet. Et les maires font face à des citoyens consommate­urs, de classe moyenne, qui ont des revendicat­ions. Ils doivent trouver un équilibre afin de garantir une certaine cohésion sociale. »

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Une majorité de maires estiment qu’ils ne peuvent pas aider les mal-logés.

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