20 Minutes (Paris)

Une fête célébrée que l’on adore vraiment détester

Beaucoup résument le 14 février à une fête commercial­e, mais la célèbrent quand même

- Romarik Le Dourneuf

Même si « la Saint-Valentin, c’est une fête commercial­e » pourrait être la phrase la plus prononcée en ce 14 février, cela n’empêchera pas leurs auteurs de la célébrer. C’est en tout cas ce qu’il ressort de notre appel à témoignage­s.

Jérôme préfère en effet occulter l’aspect marketing de l’événement pour «saisir une occasion supplément­aire de montrer [s]on amour à celle qu’[il] aime ». Et « passer une journée entière à essayer de se surprendre », complète Tatiana. Pour Emma, la Saint-Valentin est surtout un rappel : « Dans l’absolu, on n’a pas besoin d’une date spéciale, mais c’est comme Pâques ou Noël.» Anthony Mahé, sociologue au cabinet Eranos, explique l’importance de ces gestes : «Les rituels rythment la vie sociale. Ils sont là pour réparer le lien social.» Dépenser de l’argent pour l’occasion ne donne pas de scrupules à d’autres lecteurs de 20 Minutes. Au contraire.

« Parfois, on ne se permettrai­t pas tel restaurant, tel voyage ou tel bijou, indique Fabien*. Alors, même si c’est encouragé, c’est bien aussi de se dire : “Allez, pour elle, je fais une folie.” » Ghislaine va plus loin et assume ses pulsions consommatr­ices : « J’aime trop ça, pour nous, c’est comme un deuxième Noël!» «Notre société demande beaucoup de restrictio­ns, elle est très culpabilis­atrice, reprend Anthony Mahé. De tout temps, les rituels permettent de changer le cadre, les règles. C’est un exutoire qui permet les excès, ce sont des moments de réenchante­ment.» Beaucoup de nos lecteurs sont moins à l’aise avec les publicités et les incitation­s enrobées de coeurs. Mais ne renoncent pas pour autant à faire un « petit quelque chose ». « J’essaie d’offrir des choses utiles à mes proches, dans une démarche de diminution du plastique et de consommati­on éthique, confie Meghna. Ça fait plaisir tout en les incitant à adopter ce nouveau mode de vie.»

«En réalité, on y prend plaisir»

Il y a donc ceux qui adorent le 14 février, ceux qui l’acceptent, ceux qui font avec. Et puis ceux qui la subissent. Car la pression sociale peut être forte. « Ça me saoule, lance Kevin. Mais si on ne fait rien, on nous prend pour des radins. » L’opinion de l’être aimé touche souvent les personnes en couple. Claire* n’hésite pas à le reconnaîtr­e : « Si mon “jules” ne débarque pas avec des fleurs, il va le payer longtemps, son oubli.» Joris résume ce que beaucoup vivront ce vendredi : « On dit qu’on ne veut rien faire, que c’est commercial. Et puis le 14 février, on se croise tous chez le fleuriste, au restaurant, avec un petit regard disant : “Je me suis fait avoir, mais, l’année prochaine, je tiendrai tête”. Alors que, en réalité, on y prend plaisir. » * Les prénoms ont été changés.

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Les rituels, comme la Saint-Valentin, sont là pour «réparer le lien social».

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