20 Minutes (Paris)

«Si l’hôpital public perd, tout le monde perd»

Le président du Collectif inter-urgences, Hugo Huon, explique la grève qui dure depuis près d’un an

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Il pense quitter la tête du Collectif inter-urgences, qui a piloté la grève née à l’hôpital Saint-Antoine (Paris), en mars 2019. Avant, Hugo Huon lance un nouveau cri d’alarme avec l’essai Urgences, hôpital en danger (éd. Albin Michel) paru mardi. Il sera en tête du cortège, ce vendredi, à la manifestat­ion des soignants attachés à l’hôpital public.

Pourquoi avoir donné la parole à une vingtaine de soignants dans votre essai ?

L’objet du livre a changé. En juillet, les éditions Albin Michel avaient contacté le collectif, mais on ne savait pas si on allait transforme­r l’essai. En septembre, on avait deux fois plus de services en grève. Quand je suis intervenu dans les médias, la ministre Agnès Buzyn a expliqué que c’était l’avis d’une seule personne. Il fallait donc donner la parole à plusieurs soignants et montrer que ces dysfonctio­nnements sont systémique­s.

Pourquoi un tel ras-le-bol maintenant ?

Cela fait vingt ans qu’on baisse les moyens. La défiance est maintenant inscrite dans l’ADN des soignants. On se rend compte que nos employeurs ne sont pas orientés vers la qualité des soins. C’est une grève due à la fidélité au service public.

Le gouverneme­nt a annoncé trois plans pour les urgences en 2019. Rien n’a changé, vraiment ?

Il y a des endroits où c’est pire, d’autres où c’est mieux. L’orientatio­n du plan urgences [dévoilé en novembre par Matignon], c’est la régulation, en gros limiter les arrivées aux urgences. Mais c’est faire l’impasse sur la question sociale. Des réanimatio­ns, on en fait une fois par mois. Par contre, des personnes qui viennent parce qu’elles ne comprennen­t pas le système de santé, c’est tous les jours.

Que demandez-vous ce vendredi ?

L’objectif est de remobilise­r. Evidemment, le mouvement des retraites a télescopé celui de l’hôpital. On voudrait impliquer aussi les citoyens.

L’autre stratégie est de peser sur les élections municipale­s. Comment ?

On est tous les jours sur les marchés pour coincer les candidats sur les questions de santé. Pour le moment, la crise des urgences pèse sur les population­s les plus vulnérable­s qui ne sont pas en capacité d’être entendues par la société. On a passé onze mois en grève, sans aucune négociatio­n. Si on perd, tout le monde perd. On aura notre conscience pour nous, mais ce ne sont pas les puissants qui en paieront le prix fort.

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L’urgentiste manifester­a ce vendredi pour défendre le service public.
##JEV#118-96-https://tinyurl.com/r4k7c8x##JEV# L’urgentiste manifester­a ce vendredi pour défendre le service public.

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