20 Minutes (Paris)

Les économiste­s moins optimistes

La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a réaffirmé que l’objectif de 7 % de chômage en 2022 était atteignabl­e

- Catherine Abou El Khair

Au début du quinquenna­t, l’objectif paraissait lointain. Aujourd’hui, voir le chômage baisser à 7% d’ici à 2022 devient « franchemen­t atteignabl­e », selon Muriel Pénicaud. La ministre du Travail n’a pas caché son optimisme, jeudi, lors de la publicatio­n des derniers chiffres de l’Insee. Selon l’institut, le taux de chômage de la population active a reculé de 0,4 point au dernier trimestre 2019, pour s’établir à 8,1%. Un record depuis 2008. Cet objectif n’est «pas absurde», a estimé Daniel Cohen sur LCI jeudi. La baisse étant en moyenne de « 0,1 point par trimestre, donc de 0,4 par an », « si ça continue à ce rythme, on sera autour du 7 [ou] 7,5%», a expliqué le directeur du départemen­t d’économie de l’Ecole normale supérieure. Autre élément qui incite à la confiance : en 2019, 260000 emplois ont été créés, selon l’Insee, contre 225000 en 2018. Dans 22 départemen­ts, le taux de chômage est déjà égal ou inférieur à 7 %.

Pour autant, les instituts économique­s se montrent plus prudents que la ministre. Dans ses prévisions publiées en décembre, l’Unédic anticipe que 7,9 % de la population active serait encore à la recherche d’un emploi en 2022. La Banque de France, elle aussi, prévoit que le taux passerait « en dessous de 8 % fin 2022 ». Dans ses perspectiv­es économique­s publiées en octobre, l’Observatoi­re français des conjonctur­es économique­s (OFCE) anticipait, là encore, une baisse à 8% du chômage. Mais plus tôt : d’ici à la fin 2021. Ces instituts s’attendent en effet à un affaibliss­ement de la dynamique actuelle. « Les créations nettes d’emplois devraient se réduire progressiv­ement (…) à environ 150 000 en 2020, avant de se stabiliser autour de 80 000 par an en 2021 et 2022 », prévoit la Banque de France dans ses projection­s publiées en décembre. Les créations d’emploi devraient se réduire notamment car la croissance économique n’est pas assez élevée. «Avec une croissance de 1,2 % par an, le taux de chômage continuera de baisser, ce qui est le plus important. Mais probableme­nt pas de 0,4 point par an. Arriver à 7 % en 2022 est un défi très difficile », juge Gilbert Cette, enseignant-chercheur à Aix-Marseille Université.

«Il faut rester prudent»

La pente est d’autant plus raide que des aléas peuvent venir bouleverse­r les plans du gouverneme­nt. « Au quatrième trimestre 2019, on a eu une baisse du PIB de 0,1%, alors que l’Insee prévoyait 0,3% de croissance, poursuit Gilbert Cette. Il faut donc rester très prudent. » Au niveau mondial, plusieurs événements inquiètent les économiste­s : le ralentisse­ment continu de la croissance chinoise, qui pourrait s’aggraver avec l’épidémie du coronaviru­s, ou encore le Brexit. Or, estime par exemple l’OFCE, « une rupture des accords commerciau­x avec le Royaume-Uni pourrait amputer le PIB de la France de 0,2 point dès 2020».

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Muriel Pénicaud, jeudi à l’hôtel Matignon, à Paris (7e).

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