20 Minutes (Paris)

Emplois fictifs

Trois ans après la révélation du «Penelopega­te», le couple Fillon est jugé à partir de ce lundi

- Vincent Vantighem

Trois ans après les perquisiti­ons de l’Office central de lutte contre la corruption et les infraction­s financière­s et fiscales au bureau de François Fillon à l’Assemblée nationale, l’ancien Premier ministre et Penelope Fillon vont comparaîtr­e devant la 32e chambre du tribunal judiciaire de Paris à partir de ce lundi. A moins d’un report de quarante-huit heures en raison de la grève des avocats. Accusé d’avoir rémunéré son épouse comme assistante parlementa­ire sans que celle-ci n’exerce réellement d’activité, François Fillon encourt une peine maximale de dix ans de prison et 1 million d’euros d’amende pour détourneme­nt de fonds publics. Tout comme son épouse qui comparaît pour complicité.

Sans cette affaire, François Fillon dormirait peut-être à l’Elysée aujourd’hui. Mais, englué dans la polémique, il avait été éliminé dès le premier tour de l’élection présidenti­elle. Au soir de sa défaite, le 23 avril 2017, il avait dénoncé un «complot» politique dont il livrerait «le moment venu» les preuves. Depuis, quelqu’un a dû l’informer que les magistrats n’apprécient pas que la politique franchisse la porte de leurs prétoires. « Je vais vous décevoir, a-t-il confessé lors de son retour médiatique dans “Vous avez la parole”, sur France 2, le 31 janvier. Je ne suis plus dans ça aujourd’hui. »

Manque de preuves

L’ancien élu sarthois reconverti dans la finance va, semble-t-il, contester les faits et tenter de démontrer au tribunal que son épouse a bien été «sa première et plus importante collaborat­rice ». Sauf que les preuves manquent. Les revues de presse qu’elle préparait ?

Son mari « les jetait après les avoir lues». Les notes pour les discours? Elles étaient rédigées sur des feuilles volantes. Les réponses aux courriers ? « Des petits mots à la main » dont on n’a pas retrouvé la trace, selon une autre collaborat­rice. Il n’y a aucune raison de ne pas croire ces explicatio­ns. Sauf que, pour les juges qui ont ordonné le renvoi du couple devant le tribunal, elles cadrent mal avec la propension « systématiq­ue, exhaustive et rigoureuse » du couple à archiver le moindre bout de papier.

Dans le manoir et la chapelle des Fillon à Solesmes (Sarthe), les policiers ont découvert des centaines de cartons contenant tout et n’importe quoi : la preuve d’un abonnement au «Good Book Guide» de 1988, des tickets de caisse de 1991 et des demandes d’interventi­on adressées à François Fillon pour obtenir ici, une place dans un collège, là, un logement social… Mais du travail de Penelope? Peu ou pas de traces. Partie civile au procès, l’Assemblée nationale a fait les comptes. En ajoutant les cotisation­s patronales aux salaires que Penelope FIllon aurait indûment touchés, le Palais-Bourbon entend réclamer précisémen­t 1 081 219,59 € de dommages et intérêts lors du procès. Il doit durer jusqu’au 11 mars.

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Penelope Fillon et l’ancien Premier ministre, le 29 janvier 2017 à Paris.

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