A Lyon, Juninho rugit (enfin) dans ses fonctions
Le directeur sportif lyonnais sort ses griffes avant d’affronter la Juventus ce mercredi (21 h)
«Il a mis six mois à véritablement entrer dans la peau d’un directeur sportif. »
Sidney Govou, ancien joueur de l’OL
Juninho ne rêvait sans doute pas de devenir champion de France dès sa première saison à l’OL, comme cela avait été le cas en 2001-2002 en tant que joueur. Mais pensait-il que ses premiers choix forts dans le coeur du jeu, Thiago Mendes et Jean Lucas, se révéleraient si décevants? Lors de cette si convaincante présentation devant la presse, le 28 mai 2019, Jean-Michel Aulas évoquait «une histoire émouvante et passionnante» à écrire avec Juninho, mais aussi Sylvinho. Sauf que, quatre mois plus tard, l’entraîneur brésilien était déjà limogé. «Je pense que “Juni” a été surpris d’avoir à ce point les clés du camion dès le début, commente Frédéric Guerra, agent de joueurs vivant à Lyon. Sylvinho a été son échec.»
Son ancien coéquipier lors des sept titres de rang de l’OL (de 2002 à 2008) Sidney Govou l’a vu peu après ce derby aller (1-0) fatal à Sylvinho en octobre : «C’était un moment critique pour “Juni”. Imaginez, vous devez débarquer vousmême un entraîneur que vous aviez choisi...» Alors très marqué par cet épisode et absent médiatiquement, Juninho a fait l’objet de toutes les interrogations quant à son rôle dans le surprenant choix de Rudi Garcia. « Comme il s’est trompé pour Sylvinho, il a sans doute voulu rester en retrait, en bonne intelligence, au moment du choix de son successeur», décrypte Frédéric Guerra. Mais le mercato hivernal sonne son retour aux affaires, entre son refus de recruter un défenseur central comme le réclamait avec insistance Rudi Garcia, et cette signature 100% Juninho de Bruno Guimaraes, capitaine de la sélection olympique brésilienne. « Il a fait un gros coup, car c’est visiblement un joueur hors norme que souhaitaient plusieurs clubs européens, constate Frédéric Guerra. Ça le rend vraiment légitime auprès du président et des actionnaires de l’OL. J’ai l’impression que ça l’a revigoré.» Pour Sidney Govou, «c’était une façon de reprendre les rênes». L’ancien attaquant lyonnais détaille la montée en puissance de son ex-capitaine : « Il a peut-être mis six mois à véritablement entrer dans la peau d’un directeur sportif. Il lui a fallu du temps pour comprendre qu’il fallait être présent devant les médias, avec un sens du timing comme peut l’avoir Leonardo.»
«Un discours honnête»
Trois jours avant cet immense défi européen contre la Juventus, ce mercredi (21 h), Juninho n’a donc pas hésité à piquer les joueurs lyonnais dans Le Progrès : «Il y a un manque de leadeurs naturels. Ils n’ont pas gagné beaucoup de titres et ils manquent un peu de la culture qui a existé à l’OL quand j’y ai joué.» Une posture tranchant avec celle de son président aux yeux des supporteurs lyonnais. «Il a un discours hyper honnête, humble et complètement tourné vers le sportif, apprécie Richard, un fidèle abonné du virage sud. Son statut d’icône ici n’est pas du tout écorné, mais il ne peut pas, à lui seul, nous faire oublier la situation du club. »