20 Minutes (Paris)

Le 49.3 ne muselle pas les manifestan­ts dans la capitale

L’utilisatio­n de cet article de la Constituti­on a renforcé la déterminat­ion des manifestan­ts à Paris

- Nicolas Raffin

Il y avait comme un air de déjà-vu mardi, place de la République, à Paris (11e) : des syndicats en rang d’oignons, un cortège de tête festif et des banderoles contre la réforme des retraites, combattue par les manifestan­ts depuis des mois. Mais, contrairem­ent aux mobilisati­ons précédente­s, le temps presse depuis que l’exécutif a décidé samedi de recourir au 49.3 pour faire adopter plus rapidement une partie de sa réforme à l’Assemblée nationale. Sans surprise, cette décision passe très mal dans le cortège. « Le gouverneme­nt n’a pas réussi à convaincre l’opinion, donc il passe en force », déplore James. Cet inspecteur du travail de 48 ans avait pourtant vu le coup venir : « Que ce soit avec les ordonnance­s sur le Code du travail ou la réforme de l’Assurance-chômage, l’exécutif ne laisse jamais vraiment d’options à ceux avec qui il négocie. »

De son côté, Evelyne est venue à la manifestat­ion parisienne déguisée en clown. Une manière, selon elle, de dénoncer les « pitreries » du gouverneme­nt : « Le 49.3, c’est une manière de dire au peuple “Ne cause plus, tu ne m’intéresses pas.” Le macronavir­us a embrouillé les esprits. » Même si seules 20000 personnes, selon les syndicats, ont défilé mardi à Paris (la CGT revendiqua­it plus de 300 000 participan­ts lors du défilé du 9 janvier), les personnes présentes rejettent l’idée d’une démobilisa­tion liée au 49.3. «Il ne faut pas céder et faire ce qui nous semble légitime», lance Rachida. Cette retraitée, qui travaille à temps partiel pour compléter sa pension de 800 € mensuels, se dit « très inquiète pour la démocratie». «Il faut continuer et ne pas lâcher,» appuie Géraldine. «Je suis énervé, mais pas résigné», poursuit James. L’inspecteur du travail veut encore y croire : « Le projet entier n’est pas encore voté. » En effet, l’Assemblée nationale doit commencer cette semaine l’examen de la loi organique de la réforme des retraites. Et le gouverneme­nt ne pourra pas activer à nouveau le 49.3 sur cette partie du texte. Il ne pourra pas non plus l’utiliser lors de l’examen du texte au Sénat, prévu mi-avril.

Pas de quoi réjouir Lou, étudiante venue à la manif avec sa pancarte « LREM Wars, épisode 49.3 : l’empire macroniste contre-attaque » : « En plus de défiler, il aurait fallu faire une grève générale dès que le gouverneme­nt a annoncé le 49.3, estime-t-elle. Les manifestat­ions, ça ne suffit pas.» Une nouvelle journée d’action est prévue par les syndicats le 31 mars, après les élections municipale­s.

« Le macronavir­us a embrouillé les esprits. »

Evelyne, une manifestan­te

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Seules 20000 personnes ont défilé mardi à Paris, selon les syndicats.

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