Le 49.3 ne muselle pas les manifestants dans la capitale
L’utilisation de cet article de la Constitution a renforcé la détermination des manifestants à Paris
Il y avait comme un air de déjà-vu mardi, place de la République, à Paris (11e) : des syndicats en rang d’oignons, un cortège de tête festif et des banderoles contre la réforme des retraites, combattue par les manifestants depuis des mois. Mais, contrairement aux mobilisations précédentes, le temps presse depuis que l’exécutif a décidé samedi de recourir au 49.3 pour faire adopter plus rapidement une partie de sa réforme à l’Assemblée nationale. Sans surprise, cette décision passe très mal dans le cortège. « Le gouvernement n’a pas réussi à convaincre l’opinion, donc il passe en force », déplore James. Cet inspecteur du travail de 48 ans avait pourtant vu le coup venir : « Que ce soit avec les ordonnances sur le Code du travail ou la réforme de l’Assurance-chômage, l’exécutif ne laisse jamais vraiment d’options à ceux avec qui il négocie. »
De son côté, Evelyne est venue à la manifestation parisienne déguisée en clown. Une manière, selon elle, de dénoncer les « pitreries » du gouvernement : « Le 49.3, c’est une manière de dire au peuple “Ne cause plus, tu ne m’intéresses pas.” Le macronavirus a embrouillé les esprits. » Même si seules 20000 personnes, selon les syndicats, ont défilé mardi à Paris (la CGT revendiquait plus de 300 000 participants lors du défilé du 9 janvier), les personnes présentes rejettent l’idée d’une démobilisation liée au 49.3. «Il ne faut pas céder et faire ce qui nous semble légitime», lance Rachida. Cette retraitée, qui travaille à temps partiel pour compléter sa pension de 800 € mensuels, se dit « très inquiète pour la démocratie». «Il faut continuer et ne pas lâcher,» appuie Géraldine. «Je suis énervé, mais pas résigné», poursuit James. L’inspecteur du travail veut encore y croire : « Le projet entier n’est pas encore voté. » En effet, l’Assemblée nationale doit commencer cette semaine l’examen de la loi organique de la réforme des retraites. Et le gouvernement ne pourra pas activer à nouveau le 49.3 sur cette partie du texte. Il ne pourra pas non plus l’utiliser lors de l’examen du texte au Sénat, prévu mi-avril.
Pas de quoi réjouir Lou, étudiante venue à la manif avec sa pancarte « LREM Wars, épisode 49.3 : l’empire macroniste contre-attaque » : « En plus de défiler, il aurait fallu faire une grève générale dès que le gouvernement a annoncé le 49.3, estime-t-elle. Les manifestations, ça ne suffit pas.» Une nouvelle journée d’action est prévue par les syndicats le 31 mars, après les élections municipales.
« Le macronavirus a embrouillé les esprits. »
Evelyne, une manifestante