20 Minutes (Paris)

«Tante Yvonne» revient en force

Dans De Gaulle, Isabelle Carré campe l’épouse du général, loin de l’image effacée qu’on lui a prêtée

- Caroline Vié

Elle attache amoureusem­ent les boutons de l’uniforme de son mari dès les premières images de la bande-annonce. Dans l’inconscien­t collectif, Yvonne de Gaulle représente cela : une épouse effacée et dévouée, vivant dans l’ombre de son glorieux mari. Isabelle Carré a cherché à balayer cette image dans le film De Gaulle, de Gabriel Le Bomin. « Il est certain qu’on fait plus attention aux femmes dans le cinéma français actuel, plaisante l’actrice. Je ne suis pas sûre que le rôle d’Yvonne de

Gaulle aurait été autant développé il y a quelques années. » Isabelle Carré donne la réplique à un Lambert Wilson martial dans le rôle-titre et parvient à démontrer que celle que les Français appelaient familièrem­ent « Tante Yvonne » n’était pas qu’une potiche, loin de là.

« Elle a pris ses enfants sous le bras et est parvenue à se débrouille­r pour rejoindre son mari en Angleterre, ce qui était vraiment courageux », explique Isabelle Carré à 20 Minutes. Le film, qui se concentre sur 1940 – l’année de l’appel du 18 juin –, ne se focalise pas uniquement sur son général d’époux, mais aussi sur les épreuves que subit la jeune femme devant s’occuper d’Anne, leur fille atteinte de trisomie, à l’époque âgée de 12 ans. « Je pense que la présence d’Anne a galvanisé Yvonne et le couple de Gaulle. Ils avaient fait le choix, exceptionn­el à l’époque, de garder avec eux celle que Charles appelait sa “toute petite”. Yvonne de Gaulle a tout fait pour la protéger.»

Sa collaborat­ion avec la jeune actrice trisomique Clémence Hittin a également enrichi la prestation d’Isabelle Carré, qui a aussi pu constater qu’Yvonne de Gaulle avait créé puis géré un institut recueillan­t des femmes handicapée­s mentales : « Je crois que l’apparente discrétion de cette femme était un choix mûrement réfléchi. Son mari lui laissait les coudées franches pour faire ce qu’elle voulait. Elle était tout à fait capable de tenir tête au Général, notamment pour défendre la contracept­ion, alors qu’il disait ne pas s’intéresser à ces “histoires de femmes”.» La forte personnali­té de l’épouse du Général se traduisait aussi par l’humour (lire l’encadré). Faire justice à cette dame de coeur à la poigne discrète est l’un des atouts majeurs du film De Gaulle.

«Elle a pris ses enfants sous le bras et s’est débrouillé­e pour rejoindre son mari en Angleterre. »

Isabelle Carré, comédienne

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Yvonne et son époux (Lambert Wilson), avec leur petite fille trisomique, Anne.

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