Elle met la tête de son ex à prix, il se retrouve blessé par balle
Une mère de famille accusait le père de son enfant de violences
«Des travaux dans la salle de bains.» C’était le nom de code du guet-apens dont a été victime Jimmy C., en août 2017. Ce soir d’été, l’homme de 37 ans se promène avec son ex-compagne et leur fils de 3 ans dans la forêt de Bondy (Seine-Saint-Denis), lorsqu’un homme, surgi d’un bosquet, lui tire dans l’abdomen avant de fuir. « Il m’a dit “Je suis désolé” et il a tiré», confiera plus tard la victime, désormais paraplégique, aux enquêteurs. Mardi, il doit faire face, dans la cour d’assises de Seine-SaintDenis*, aux personnes accusées d’avoir fomenté son assassinat. A commencer par celle qui se trouvait à ses côtés ce soir-là, Amandine Soave. Aujourd’hui âgée de 33 ans, elle a reconnu en garde à vue avoir commandité cet assassinat afin de se libérer de l’emprise de son ex-compagnon, dont elle est séparée depuis 2014. «Il m’humiliait quand on était ensemble, confierat-elle au juge d’instruction. Il y avait des violences aussi. » Les enquêteurs ont effet retrouvé quatre mains courantes déposées entre avril et octobre 2016.
Néanmoins, relève le magistrat dans son ordonnance de mise en accusation, « les violences et le harcèlement, s’ils ont pu exister antérieurement, ne sont nullement caractérisés au moment où Amandine Soave élabore son projet criminel.»
Un projet longuement nourri
Un premier projet avait, semble-t-il, été élaboré, puis abandonné faute de fonds. «Je savais que ma soeur avait l’envie de se débarrasser de l’autre, confiera son frère, renvoyé pour complicité. Nous en avions parlé plusieurs fois, tous les deux», et ce depuis «2016». C’est lui, qui, au printemps 2017 lui a présenté un des intermédiaires qui l’a mise en relation avec le tueur à gages, Rudy Poignet, un ancien militaire. Le contrat était fixé à 10 000 €. Le père de la jeune femme, à qui elle a emprunté de l’argent, est aussi renvoyé pour complicité. Tous encourent la réclusion criminelle à perpétuité. Caroline Politi
* La garde des Sceaux, Nicole Belloubet, a appelé dimanche à repousser, « dans la mesure du possible », les procès d’assises.