Un djihadiste français comparaît devant la cour d’assises
Tyler Vilus est le premier Français à passer aux assises pour sa supposée participation à deux meurtres en Syrie
Une scène insoutenable. Deux hommes abattus d’une balle dans la tête devant une foule de spectateurs au premier rang desquels des enfants. Ce double meurtre, commis en Syrie et dont la vidéo a été diffusée en 2015 sur la chaîne de propagande de Daesh, a rapidement attiré l’attention des autorités françaises.
Au second plan figure Tyler Vilus. Ce Troyen sera le premier Français à comparaître, ce jeudi, devant la cour d’assises spéciale de Paris pour des meurtres commis «sur zone». Egalement jugé pour « direction d’un groupement terroriste», il encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Tyler Vilus a été interpellé le 2 juillet 2015à l’aéroport d’Istanbul alors qu’il tentait de se rendre en République tchèque, avec le passeport d’un Suédois.
Il lui ressemble vaguement – métis, cheveux ras, yeux marron – mais ne trompe pas la vigilance des douaniers. Aujourd’hui âgé de 30 ans, ce converti figure parmi les Français les plus recherchés du moment. Après avoir échoué à intégrer la Légion étrangère, il part en 2011 rejoindre un groupe djihadiste en Tunisie. Puis, il s’établit en Syrie en 2013. Il se fait remarquer pour son prosélytisme sur les réseaux. Sur sa page Facebook, il revendique son affiliation à l’organisation terroriste, relaie des vidéos et appelle à commettre des actions violentes en France. Vilus devient une figure de «la brigade des immigrés», celle par laquelle sont passés nombre de terroristes des attentats de Paris et de Bruxelles. Il officie d’abord au sein de la police islamique avant de monter en grade et prendre la tête d’un groupe de combattants.
Lors de l’instruction, les enquêteurs ont exhumé près de 4000 messages échangés avec sa mère. «En plus d’être flic, les Français m’ont mis à la tête d’un groupe, je suis devenu émir», lui confiet-il en août 2013. « Je savais que tu monterais […]. Bravo mon fils», lui répond sa mère, elle-même bien connue de la justice. Christine Rivière, surnommée «Mamie Djihad», a été condamnée en appel à dix ans de prison pour s’être rendue en Syrie et pour avoir contribué au départ de jeunes femmes.
L’homme de 30 ans nie toute implication dans les attentats du 13-Novembre.
Si Tyler Vilus est renvoyé devant la cour d’assises pour ses activités criminelles en Syrie, les juges d’instruction l’ont longtemps soupçonné d’être le 11e homme des attentats du 13-Novembre. En juillet 2015, alors qu’il vient d’être interpellé, il parvient à conserver son téléphone. «Je supprime ton numéro pour qu’ils ne trouvent rien. Quand je sors, j’agis », écrit-il à l’un de ses contacts, le jour de son arrestation. Selon France Inter, les enquêteurs estiment que ce contact serait Abdelhamid Abaaoud, qui a piloté le13-Novembre. S’il ne cache pas l’avoir rencontré, Vilus conteste toute implication.