20 Minutes (Paris)

Au revoir ?

A l’heure du tournant écologique qu’Emmanuel Macron veut impulser, le Premier ministre, pourtant très populaire, est menacé.

- Thibaut Le Gal

A peine élu dimanche soir dans son fief du Havre (Seine-Maritime), Edouard Philippe lançait aux caméras : « Les commentate­urs auront probableme­nt beaucoup de travail et je leur souhaite bon courage ! » Une manière d’ironiser sur les rumeurs autour de son avenir à Matignon. Mi-avril, Emmanuel Macron promettait aux Français de se « réinventer » à la sortie de la crise liée au coronaviru­s. Pour cette « nouvelle phase » du quinquenna­t, le chef de l’Etat devrait remanier son gouverneme­nt dans les prochains jours. Mais le président ira-t-il jusqu’à se passer de son actuel Premier ministre ?

Renforcé par sa nette victoire au Havre, Edouard Philippe jouit d’une belle popularité dans les sondages, après plusieurs mois de gestion de crise sanitaire. « Il connaît un petit état de grâce, comme s’il venait d’arriver au pouvoir, remarque Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’Ifop. Sa popularité est remontée au-dessus des 50%. Pour les Français, c’est lui qui était à la manoeuvre pendant la crise. Il tient l’édifice macronien en sécurisant l’électorat de droite, avec une image favorable à 71 % chez les sympathisa­nts LR. »

Lundi, au lendemain du second tour de municipale­s marquées par une percée verte dans plusieurs grandes villes, le président de la République semble avoir entamé sa mue. Le chef de l’Etat s’est engagé à retenir quasiment toutes les propositio­ns de la Convention citoyenne pour le climat. « Les mesures de la convention sont des réponses très concrètes, note le député LREM de Paris Sylvain Maillard. Mais il faut aussi qu’il y ait une incarnatio­n au quotidien de cette accélérati­on vers la transition écologique. Si Emmanuel Macron décide de se séparer d’Edouard Philippe, c’est qu’il estime qu’un autre incarnera mieux ce nouveau cap.»

«Philippe tient l’édifice macronien en sécurisant l’électorat de droite.» Frédéric Dabi, Ifop

«Je pense qu’il va sortir»

Le Premier ministre a brouillé le message ces derniers jours : «[Le président de la République] sait qui je suis, ce que j’incarne, ce que je peux faire et ce que je ne peux pas faire», disait-il le 16 juin dans Paris Normandie. C’est l’autre donnée de l’équation : quel rapport le président entretient-il avec son Premier ministre ?

«Je pense qu’il va sortir, souffle un cadre de la majorité. Leurs relations me laissent penser que le président est plus dans l’optique d’un changement de tête.» «Il a des exigences pour le futur gouverneme­nt, réplique François Patriat, patron des sénateurs LREM. Mais je ne pense pas qu’il ait envie de passer la main, je le vois au contraire très porté vers l’avenir, le budget, les futures élections.» Edouard Philippe avait raison : un peu partout, les commentate­urs s’agitent. Jusqu’au sein même de sa majorité.

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Edouard Philippe à Paris, lundi. A nos lecteurs. Retrouvez votre journal «20 Minutes» vendredi dans les racks. En attendant, vous pouvez suivre toute l’actualité sur l’ensemble de nos supports numériques.
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Edouard Philippe et Emmanuel Macron, lundi au palais de l’Elysée, à Paris.

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