Eric Zemmour jugé pour injure raciste
Le polémiste est poursuivi pour des propos tenus le 28 septembre lors de la convention de la droite, en septembre
Il aurait dû être jugé en janvier, mais grève des avocats oblige, le procès avait été renvoyé en mai… en pleine crise du nouveau coronavirus. Jeudi, aucun mouvement social ni pandémie ne devrait empêcher Eric Zemmour de comparaître devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris. Le polémiste star est jugé pour injure publique à caractère racial et provocation publique à la haine raciale après des propos contre l’islam et l’immigration tenus le 28 septembre lors de la convention de la droite, un rassemblement organisé par des proches de l’ancienne députée frontiste Marion Maréchal.
Dans les six extraits du discours pour lesquels il est poursuivi, Eric Zemmour s’en prenait aux immigrés « colonisateurs » et à une « islamisation de la rue », affirmant notamment que « tous nos problèmes aggravés par l’immigration sont aggravés par l’islam». Devant une salle conquise, il enchaînait les saillies contre cette religion, confiant notamment se retrouver dans les idées du complotiste Renaud Camus, théoricien de la « thèse du grand remplacement ».
« Liberté d’expression »
Malgré le tollé suscité par son discours – qualifié de « nauséabond » par le Premier ministre –, Eric Zemmour avait maintenu, quelques jours plus tard, ses propos. « Cette audience démontrera qu’on ne peut pas utiliser la loi de la presse pour faire taire la liberté d’expression », a affirmé son avocat, Olivier Pardo, auprès de 20 Minutes. Selon le conseil, le polémiste s’exprimait dans un « cadre privé », puisque les entrées à la convention ne se faisaient que sur invitation. Une distinction de taille, étant donné que l’injure, comme la provocation, tenue dans un cercle privé, relève de la contravention. Si le public n’était pas convié, la convention de la droite avait néanmoins été couverte par des journalistes et le discours d’Eric Zemmour, diffusé par la chaîne LCI. « Il n’est pas responsable de la présence de journalistes dans la salle et ignorait qu’il était filmé », insiste son avocat. En septembre, quelques jours à peine avant la polémique, Eric Zemmour avait été définitivement condamné à 3 000 € d’amende pour provocation à la haine religieuse à la suite de propos tenus en 2016 dans l’émission de France 5 « C à vous ». L’auteur du Destin français avait notamment affirmé que la France vivait «depuis trente ans une invasion », assurant que, « dans d’innombrables banlieues françaises où de nombreuses jeunes filles sont voilées », se jouait une « lutte pour islamiser un territoire », « un djihad ». Il a saisi en décembre la Cour européenne des droits de l’homme, reprochant à la France d’avoir violé sa liberté d’expression. En 2011, il avait également été condamné pour provocation à la haine en déclarant sur Canal+ que « la plupart des trafiquants sont noirs et arabes ».