20 Minutes (Paris)

Un homme jugé à Evry pour une série de viols

Aïssa Z., accusé de faits perpétrés entre 1995 et 2000, comparaît à partir de mardi à Evry

- Caroline Politi

Le scénario était toujours le même : un homme circulant à deux-roues doublait ses victimes alors qu’elles se promenaien­t dans la forêt de Sénart, à la lisière de l’Essonne et de la Seine-etMarne. Il feignait une panne, puis les rouait de coups avant de les agresser sexuelleme­nt. Entre 1995 et 2001, 49 femmes, âgées de 16 à 72 ans, ont porté plainte pour des abus sexuels sur ces sentiers. A partir de mardi, Aïssa Z., 45 ans, est jugé à Evry par la cour d’assises pour 34 d’entre eux (entre 1995 et 2000) : 18 viols et tentatives et 16 agressions sexuelles.

Grâce à l’ADN de parentèle

Longtemps, les enquêteurs et juges d’instructio­n mobilisés sur ce dossier ont craint qu’il ne reste à jamais un « cold case ». De l’ADN a pourtant été retrouvé sur 14 scènes de crime mais celui-ci ne donne rien. En 2005, après des années d’errance et d’impasses, un premier non-lieu est prononcé. Le dossier est rouvert en 2009 : la science ayant progressé, les juges d’instructio­n ont l’espoir de parvenir à faire parler l’ADN. En vain. Cinq ans plus tard, une nouvelle technique d’analyse, l’ADN de parentèle, est employée. Cette fois, il ne s’agit pas d’identifier la personne à qui appartient ce profil génétique mais ses proches en comparant les ADN. Un nom sort. Ou plutôt 29. Mais un seul est originaire de l’Essonne, un des frères d’Aïssa Z. L’étau se resserre autour de ce père de famille qui habite désormais avec sa femme et leur nourrisson à Roubaix (Hauts-de-France). A l’époque des faits, il vivait dans l’Essonne, se déplaçait à scooter, son emploi du temps concorde. Les enquêteurs l’interpelle­nt en décembre 2015. Lors de son premier interrogat­oire, le chauffeur de bus invoque des trous de mémoire liés à la prise de drogue dure. « Je ne conteste pas les preuves et c’est honteux ce que j’ai fait. Ces dames, je les ai salies et traumatisé­es (…) Je n’ai pas de souvenirs. »

«C’est un dossier dans lequel il y a de nombreuses incohérenc­es.» Gabriel Dumenil, l’un des avocats d’Aïssa Z.

Depuis, le mis en cause conteste cette version et clame son innocence. Aïssa Z. a déposé plusieurs plaintes contre X. Il s’étonne notamment que seul son ADN apparaisse sur certaines analyses et non ceux des victimes. « C’est un dossier dans lequel il y a de nombreuses incohérenc­es », insiste Me Gabriel Dumenil, qui assure sa défense aux côtés de Mes Cloé Fonteix et Marc Bailly. Il met en cause la fiabilité de plusieurs expertises, insistant sur le délai entre les prélèvemen­ts et la réalisatio­n. «Depuis le début, c’est une enquête menée exclusivem­ent à charge contre mon client», insiste-t-il. L’accusé risque vingt ans de réclusion criminelle.

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De l’ADN a été retrouvé sur 14 scènes de crime aux abords de sentiers.

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