20 Minutes (Paris)

Le mystère autour du joggeur de Fontenayau­x-Roses subsiste

Romain D. a été la cible d’un tireur qui, encore aujourd’hui, reste non identifié

- Caroline Politi

Comment se reconstrui­re lorsqu’on ignore qui a voulu vous tuer et, surtout, pourquoi ? « C’est difficile, je suis tout seul dans cette histoire », confie pudiquemen­t Romain D. à la barre de la cour d’assises spéciale de Paris qui se penche depuis deux semaines sur les attentats de janvier 2015. Cet homme de 38 ans est le seul à avoir été pris en chasse par un tireur isolé, alors qu’il faisait un footing à Fontenay-auxRoses, dans les Hauts-de-Seine. Le seul aussi à ignorer les circonstan­ces de ce drame, les quatre ans d’instructio­n n’ayant pas permis de lever les zones d’ombre autour de cette tentative d’assassinat.

Ce soir du 7 janvier 2015, une dizaine d’heures après l’attentat de Charlie Hebdo, Romain D. interrompt son footing sur la coulée verte pour faire quelques exercices de musculatio­n. Quelques instants auparavant, il a aperçu un homme, doudoune noire sur le dos, assis sur un banc. «Dès que je suis passé près de lui, j’ai senti un tir qui m’a atteint le bras. Je suis tombé au sol. » Les mains accrochées à la barre de la cour d’assises, il se remémore l’odeur de la poudre et les éclats de balle qu’il aperçoit près de son visage, le projectile ayant transpercé son biceps. Mais à peine a-t-il compris que l’homme est près de lui et le braque, explique-t-il en mimant la scène.

«On s’est regardés dans les yeux, se souvient-il. J’ai senti une hésitation, mais aussi qu’il voulait terminer le travail. il fallait que je me sauve.» Il se relève et court alors vers une zone pavillonna­ire. L’homme le suit sans s’arrêter de tirer. «J’ai senti une douleur aux fesses et à la jambe», continue

Romain D. Cinq balles l’atteignent, mais il parvient à garder sa lucidité. Il se cache alors dans un jardin jusqu’à l’arrivée de la police. Il apercevra au loin l’ombre de son agresseur le dépasser.

«Dès que je suis passé près de lui, j’ai senti un tir qui m’a atteint le bras.»

L’auteur des tirs dans le box ?

Pourquoi avoir visé cet intérimair­e à la «vie lisse»? Tels sont les mots de Michel Faury, ex-chef de la police judiciaire des Hauts-de-Seine, entendu plus tôt. Le lien entre cette tentative d’assassinat et les attentats commis par Amedy Coulibaly a été réalisé quatre jours après, grâce à l’analyse balistique : les étuis retrouvés sur les lieux correspond­ent à une arme découverte dans l’arsenal du terroriste.

La victime est convaincue à «80%» que l’auteur des tirs se trouve dans le box des accusés. A plusieurs reprises au cours de l’enquête, Romain D. a identifié Amar Ramdani comme étant le tireur. Soupçonné d’avoir apporté un soutien logistique à Amedy Coulibaly, il n’a pas été mis en examen pour cette tentative d’assassinat. L’analyse de sa téléphonie a montré qu’il se trouvait à Gargeslès-Gonesse (Val-d’Oise) lors des faits. «Je n’ai jamais tiré sur lui», s’est défendu ce dernier, jeudi.

 ??  ??
 ??  ?? La cour d’assises spéciale a entendu le joggeur de Fontenay-aux-Roses, jeudi.
La cour d’assises spéciale a entendu le joggeur de Fontenay-aux-Roses, jeudi.

Newspapers in French

Newspapers from France