20 Minutes (Paris)

Le racisme, toujours enjeu

La discrimina­tion persiste dans le milieu profession­nel du football. Contre ce fléau, de timides avancées sont observées.

- Aymeric Le Gall

« Quand un Black marque un but, pardonnez-moi, tout le stade est debout. Le phénomène raciste dans le sport, et dans le foot en particulie­r, n’existe pas ou peu. » Les déclaratio­ns de Noël Le Graët, président de la FFF, sur BFM Business mardi, ont provoqué un tollé, y compris – et c’est plus rare – chez des personnali­tés de premier plan du monde du ballon rond. « Quand il y a un tel déni, c’est difficile de savoir quoi répondre, s’indigne l’ex-internatio­nal Olivier Dacourt, auteur du documentai­re “Je ne suis pas un singe”, sur le racisme dans le foot. On ne peut pas laisser dire ça. »

Autres propos du boss de la FFF qui ont suscité l’indignatio­n : « Sur un match, il peut y avoir des écarts, mais, sinon, on est à moins de 1 % de difficulté­s. » Bien que ne disposant pas de véritables études chiffrées sur la question, la grande majorité des pays ont eu à traiter d’affaires de racisme sur les terrains profession­nels. Le 31 janvier, le ministère de l’Intérieur britanniqu­e publiait à ce titre des chiffres éloquents : les incidents racistes ont augmenté de plus de 50 % au cours de la saison 2018-2019. Dans un rapport daté de 2015, l’Unesco expliquait que « l’existence du racisme et de la discrimina­tion dans le football » n’avait « rien de secret ».

« De timides avancées »

« Quand la personne la plus importante du foot français nie les problèmes, fatalement, ça redescend les étages et ça bloque toute tentative de faire changer les choses, s’emporte Olivier Rouyer, ancien joueur de Nancy. Je plains les dirigeants amateurs, les pauvres, après de telles déclaratio­ns. Ils sont souvent démunis, pas outillés, pas armés pour lutter. »

Victime lui aussi d’actes racistes à une époque où, dans le championna­t de France, on se permettait encore de jeter des bananes sur les joueurs noirs, l’ancien gardien de but camerounai­s Joseph-Antoine Bell admet cependant de « timides avancées. On en parle, on le reconnaît, sauf Le Graët, et on a pris des mesures. Elles ne sont pas radicales, mais elles ont le mérite d’exister : les arbitres peuvent décider d’arrêter un match en cas d’incident [une initiative encouragée par Le Graët], les instances en ont pris conscience et essaient d’agir. »

Dans le cas des cris de singe dont fut victime Mario Balotelli sous le maillot de Nice à Bastia en 2017, la LFP avait puni le club corse d’un retrait d’un point avec sursis et la fermeture de l’une des tribunes de son stade pour trois matchs. « C’est vrai qu’il faut saluer la FFF [qui n’a pas répondu à nos sollicitat­ions], car elle met des choses en place, des plans d’action, des ateliers, des campagnes de communicat­ion auprès des ligues et des clubs, salue Abdeslam Ouaddou, insulté par un supporteur de Metz alors qu’il jouait à Valencienn­es. Par contre, si on mène ce genre de plan d’action, c’est bien que le problème existe. »

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La Fifa a fait plusieurs campagnes pour dire non au racisme, ici en 2018.

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