20 Minutes (Paris)

La France a d’introuvabl­es talents

La Grande Boucle a une nouvelle fois échappé à un coureur français. Et l’avenir immédiat ne s’annonce pas plus radieux.

- Julien Laloye

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La déception est à la hauteur du feu d’artifice qu’on attendait après le rêve éveillé vécu l’an passé avec Thibaut Pinot. Mais le Tour 2020, dont la dernière étape a été remportée par l’Irlandais Sam Bennett dimanche, a laissé les Français au bord de la route. Le maillot jaune pour Julian Alaphilipp­e, une étape pour Nans Peters et puis plus rien. Au final, aucun Français dans le top 10 – dominé par le Slovène Tadej Pogacar – une première depuis 2013, et des suiveurs qui s’inquiètent. Où sont les coureurs tricolores de demain? Pierre-Yves Chatelon, sélectionn­eur de l’équipe de France Espoirs, confirme l’absence de relève chez les U23 : « Avant le confinemen­t, on s’apprêtait à disputer un Tour de l’Avenir avec une équipe sur laquelle je n’avais aucune garantie.» Cette épreuve est pourtant idéale pour révéler les jeunes talents de demain. En 2018, le premier Français, Clément Champoussi­n, ratait le podium de peu et faisait jeu égal avec Tadej Pogacar. Aujourd’hui, il vient de terminer le Tour du Luxembourg dans un certain anonymat. « Il a un potentiel physique énorme, reconnaît Chatelon. Mais au niveau de la culture vélo, il part de plus loin. Ce n’est pas lui rendre service que de l’exposer plus tôt.»

«Frénésie autour des jeunes »

Une posture globalemen­t partagée par les équipes françaises, qui n’entendent pas faire brûler les étapes aux meilleurs hommes de leur équipe continenta­le (deuxième division) au prétexte que c’est la nouvelle mode. Loïc Varnet, directeur général de Chambéry CF, le centre de formation d’AG2R, confirme : « Il y a une frénésie autour des jeunes talents qui va faire des dégâts. Quand je vois Marco Brenner [17 ans], recruté par la Sunweb, c’est un pari plus que risqué. Il peut y avoir de grandes désillusio­ns. » Alors, est-ce un problème de formation ? « En France, le job est plutôt bien fait, rétorque Pierre-Yves Chatelon. La théorie d’un problème de creux génération­nel se défend, et cela concerne surtout le classement général des grands Tours. Un coureur comme Benoît Cosnefroy peut devenir un très grand coureur de classiques. » Autre souci, beaucoup de stars du peloton, à l’image d’Alaphilipp­e, Van Aert ou Van der Poel, ont percé en cyclo-cross ou en VTT avant de passer sur route. Mais ces pratiques font peu partie de la formation des coureurs tricolores, ce qui chagrine Steve Chainel, créateur (et coureur) de la seule équipe française pro de la spécialité : «La fédération n’en a rien à faire du cyclo parce que ce qui donne des médailles olympiques, et les subvention­s qui vont avec, c’est la piste, le BMX, la route ou le VTT. » Chainel encourage pourtant les manageurs d’équipe à pousser leurs coureurs à se mettre au cyclo-cross en période de préparatio­n : «L’année prochaine, si dans mon équipe on peut envoyer des gars sur le Tour de Wallonie, les gamins vont en surprendre plus d’un. » Il n’y aurait pas, là, un futur vainqueur du Tour ?

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Thibaut Pinot et Julian Alaphilipp­e, le 9 septembre.
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Cosnefroy pourrait être un grand coureur de classiques, mais pas de Tours.

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