20 Minutes (Paris)

«On est dans une ville très dure»

Figure féministe et élue EELV du 12e arrondisse­ment de Paris, Alice Coffin sort ce mercredi son livre «Le Génie lesbien»

- Propos recueillis par Romain Lescurieux

Cinq ans après son départ de 20 Minutes, Alice Coffin est devenue la voix de nombreux combats : la PMA, MeToo, les droits LGBT+. Sans oublier la lutte contre le patriarcat. «Le pouvoir tient à quelques poils », rappelle-t-elle. Elue municipale pour le compte d’EELV dans le 12e arrondisse­ment à Paris, la militante féministe publie son livre Le Génie lesbien (éd. Grasset) ce mercredi.

Pouvez-vous expliquer le titre de votre livre ?

Ça désigne le fait que, dans de nombreux moments historique­s et mouvements sociaux, si on creuse un peu, on trouve une lesbienne dans le coup. Des événements n’auraient jamais été aussi puissants si des lesbiennes n’y avaient pas contribué. Il y a un savoirfair­e lesbien pour faire exploser l’espace et les normes.

Vous dites que le mot « lesbienne » fait peur. Pourquoi ?

Oui, il y a une peur que suscite la lesbienne avec ses discours. Mais ils ont raison d’avoir peur. C’est une transgress­ion ultime contre le système patriarcal. On nous a aussi dissuadées d’utiliser le mot «lesbienne» quand on a voulu créer des associatio­ns. Sur Internet, il y a peu, écrire «lesbienne» ne renvoyait qu’à des images de cul. C’est dire l’usurpation et l’invisibili­sation du mot.

Certaines lesbiennes appellent ironiqueme­nt le 20e arrondisse­ment, le « Gouinistan ». Pensez-vous comme David Belliard, ex-candidat à la Mairie de Paris, qu’il faut créer « des zones de bienveilla­nce pour la communauté LGBT » ?

Il ne faut pas penser uniquement Paris intramuros pour ces lieux-là et, par ailleurs, tant mieux si ça va au-delà du Marais. Mais l’espace parisien est encore très porté sur le regard. On est dans une ville très dure, qui juge les femmes et les lesbiennes. Après, Paris est une ville géniale pour être activiste. Cela m’a forgée. Ce n’est pas très étendu et ça concentre un maximum de pouvoirs. Le rêve pour les activistes. Paris est une très belle ville pour se battre et semer la panique.

N’est-ce pas s’écarter de l’essence même de l’activisme que de faire partie intégrante de tel ou tel système, notamment étatique ?

Je ne crois pas à l’histoire de gens qui ont perdu leur âme car ils sont passés de l’activisme à une autre sphère. Ce qui me préoccupai­t, au début, avant de me lancer, c’est qu’il y ait moins d’efficacité possible. On est si habitués à entendre que les choses sont figées qu’on l’intègre. Maintenant, on est à l’extérieur et à l’intérieur. C’est parce qu’Adèle Haenel et Céline Sciamma sont à l’intérieur qu’elles font exploser le système.

«On est si habitués à entendre que les choses sont figées qu’on l’intègre. »

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Dans son livre, Alice Coffin évoque son parcours personnel et ses combats.

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