En 1826, le mystère se trouvait dans les pierres, rue d’Enfer
A l’occasion de Halloween, samedi, «20 Minutes» revient sur l’histoire mystérieuse d’une épicerie parisienne, en 1826
Le 10 septembre 1826, M. Nant, épicier de l’ancienne rue d’Enfer à Paris, se rend en catastrophe au commissariat du quartier de la Sorbonne. Son épicerie vient d’être « attaquée ». Des dizaines de pierres ont traversé ses carreaux pour venir fracasser le verre protégeant ses produits. Le problème ? Impossible de déterminer l’origine des projectiles.
« Quand il s’adresse au commissaire Roche, l’épicier précise qu’il n’y a pas de délinquants, les pierres arrivent toutes seules, raconte Marie-Charlotte Delmas, écrivaine et sémiologue spécialisée dans les croyances populaires françaises. Pour lui, elles semblent arriver de plusieurs côtés à la fois. » Cet aspect selon lequel les projectiles semblent venir de toutes parts reviendra tout au long de l’affaire. Le commissaire Roche est sceptique, mais l’épicier finit par convaincre le représentant de l’ordre de se rendre dans son échoppe.
Sur place, le constat est clair : tout est brisé. Mais ce n’est pas assez pour convaincre le policier, qui croit à un canular. Pourtant, si l’on en croit une retranscription de la scène dans Le Monde illustré en 1899, le commissaire va vite déchanter : « Un caillou gros comme le poing entra comme une bombe dans la pièce close et vint fracasser un litre de cassis à deux doigts du visage du commissaire. » Roche se dirige alors vers la porte. Mais, dehors, la rue est vide. Pire, les volets et la porte sont fermés, et les carreaux déjà manquants. Malgré une forte mobilisation des forces de l’ordre, impossible de comprendre ce qui a pu se passer.
D’après les recherches de MarieCharlotte Delmas, le phénomène s’accélère : « Le soir même, à 5 h, une grêle de nouveaux cailloux s’abat à l’extérieur de l’épicerie dans un bruit de tonnerre, une foule se forme dans la rue. On voit arriver les projectiles, mais on n’arrive pas à en déterminer l’origine, on dirait qu’ils se forment en l’air. » Ces averses rocailleuses vont se poursuivre quatre jours durant. Puis, plus rien, d’après une brève du Figaro, du 16 septembre 1826, où l’on peut lire : «La pluie de pierres a cessé depuis deux jours de tomber chez l’épicier de la rue d’Enfer. »
La rue porterait-elle quelque secret occulte ? En tout cas, le quartier possède une histoire chargée en mystères, selon Marie-Charlotte Delmas : « Vers le jardin du Luxembourg, il existait au XIIIe siècle un château en ruines. On racontait qu’il s’y passait des choses terribles. On pouvait entendre des hurlements…» Des malfaiteurs occupant les carrières environnantes auraient pu être à l’origine de ces « phénomènes inexpliqués ».
«On dirait que les projectiles se forment en l’air.» Marie-Charlotte Delmas, spécialiste des croyances populaires