«Le bonheur de les voir passe avant»
Des grandsparents racontent comment ils ont accueilli leurs petitsenfants à la Toussaint
Comment prendre soin des siens sans les mettre en danger, à l’heure de la crise sanitaire ? Alors que les vacances scolaires se poursuivent jusqu’à dimanche, des grands-parents se sont retrouvés devant un dilemme pendant la Toussaint : garder leurs petits-enfants ou éviter de les voir pour limiter les risques de contamination.
Les lecteurs de qui ont répondu à notre appel à témoignages évoquent souvent le plaisir ressenti pour combattre la morosité actuelle. «J’ai accepté de prendre mes petits-enfants en vacances, car c’est la seule façon de les voir, et ils m’apportent un regain d’énergie », explique Evelyne, 66 ans. « J’ai souffert davantage de ne pas voir mes petits-enfants que du Covid… que j’ai eu, regrette Marie, 62 ans. Je ne les abandonnerai plus. » D’autres estiment que ce choix n’appartient qu’à eux. «J’en ai assez de cette stigmatisation des vieux !, s’agace Jacqueline, 66 ans. Certains d’entre nous sont plus sportifs que bien des jeunes sédentaires. Surtout, c’est ma vie et je n’autorise personne à décider pour moi ! »
«Comme le virus circule davantage, il faudrait que les personnes fragiles qui s’occupent d’enfants redoublent d’attention, suggère Fabienne Kochert, pédiatre à Orléans (Loiret). C’est-àdire distance pendant les repas, port du masque des adultes et des ados, pas de bise…» Simple sur le papier, moins dans la pratique. « J’avais plein de bonnes intentions, mais, pendant cinq jours, seuls le lavage des mains et le gel ont fait partie de notre routine, reconnaît Roselyne, 66 ans, qui a gardé ses deux petits-enfants. A l’âge de 4 ans, rien n’est possible, tout est remué et touché, mis à la bouche.» «Je ne les embrasse pas, je garde mes distances tant que cela est possible, mais je ne porte pas de masque à l’intérieur et j’aère souvent notre espace de vie, liste Evelyne. Le bonheur de les voir passe avant la peur.»
«Sur une courte durée»
Parfois, ce sont les petits-enfants qui font la police. « Nous n’avons pas oublié les masques à l’extérieur, ni le gel, explique Annie, 77 ans, qui a gardé pendant une semaine ses petites-filles de 9 et 11 ans. Je pense bien sûr à ce virus, mais c’est l’aînée, très scrupuleuse, stricte sur tous les gestes barrières, qui avait peur de me contaminer. » Pour Marilyne, 64 ans, aucun doute : « Il est possible de garder ses petits-enfants, en faisant attention et sur une courte durée. Et j’ai remarqué que les enfants sont responsables face à ce virus. Dès la maternelle, on les conditionne à l’hygiène. »
« J’en ai assez de cette stigmatisation des vieux ! » Jacqueline, 66 ans