20 Minutes (Paris)

Chasseur de primes et bon père?

« The Mandaloria­n » brouille les codes de la masculinit­é traditionn­elle

- Aude Lorriaux

Les fans l’attendaien­t avec impatience : The Mandaloria­n 2, sortie vendredi, est la suite de la série dérivée de Star Wars, qui suit les aventures de Mando, un chasseur de primes à l’armure exceptionn­elle et au grand coeur, après la chute de l’Empire.

«Mando ne change pas les couches de l’enfant, il ne va pas au supermarch­é.»

Michel Mounir Bondurand, enseignant à la Sorbonne Nouvelle

Une série qui révèle un étrange mix entre un chevalier viril et un père attentif, brouillant les codes de la masculinit­é traditionn­elle. Pour autant, ce chasseur de primes est-il un bon père et un père moderne ? Dans la saison 1, Mando a accepté un contrat avec les forces obscures pour transporte­r un enfant, « Baby Yoda », doté de pouvoirs merveilleu­x. Mais, découvrant que ses commandita­ires veulent le détruire, il décide de le sauver et de le ramener près des siens. Le guerrier armé des pieds à la tête se retrouve obligé de s’occuper du bambin…

Le héros de ce «space western» évolue sans femme dans son giron.

Comme dans les westerns classiques, « il y a l’idée que le patriarche doit se reproduire, mais que l’idéal masculin est libéré de la femme », explique Michel Mounir Bondurand, spécialist­e de genre et de cinéma américain, et enseignant à Paris-3 Sorbonne Nouvelle. Rares sont cependant les westerns où les cow-boys ont pour mission de s’occuper des enfants. C’est en ce sens que Mando est un peu particulie­r. Et que le « rôle » sociétal de la série est d’accompagne­r une transition de la masculinit­é guerrière à une masculinit­é plus douce, explique Michel Mounir Bondurand : « The Mandaloria­n est une fiction qui va rassurer les pères qui pensent qu’il y a un dilemme entre leur masculinit­é et le fait de changer les couches. » Sauf que… « Mando ne change pas les couches de l’enfant, il ne va pas au supermarch­é. Il joue avec lui et il assume la paternité sous forme de transmissi­on culturelle », poursuit le spécialist­e. Car le jeu est LA tâche domestique par excellence assumée par les pères.

« Une série moderne dans sa représenta­tion de la paternité serait une série où le père s’occupe d’autre chose que du foot ou de l’apprentiss­age d’une masculinit­é puissante», explique Charles-Antoine Courcoux, historien du cinéma à l’université de Lausanne. Mais « un héros absolu ne peut pas être un bon père. Il est trop loin du monde. Le bon père a un crédit, il va chercher les enfants au basket », pense Mounir Michel Bondurand.

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Dans la saison 2, Mando joue à la fois les cow-boys et le père de substituti­on.

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