Vacciner, c’est gagné?
Des laboratoires ont développé un vaccin contre le Covid-19 qui serait «efficace» à 90%. Une annonce pleine d’espoir, accueillie avec prudence.
C’est la nouvelle que tout le monde attendait. Un vaccin développé conjointement par Pfizer (Etats-Unis) et BioNTech (Allemagne) serait « efficace » à 90 % pour prévenir les infections à SARS-CoV-2, selon l’essai à grande échelle de phase 3 en cours, dernière étape avant une demande d’homologation, ont annoncé ce lundi les deux laboratoires. Mais cette annonce signifie-t-elle que le vaccin est suffisamment efficace et sans risque ?
> Sur quels éléments Pfizer se fondet-il ? Le laboratoire Pfizer a commencé son «essai clinique de phase 3 le 27 juillet et recruté une cohorte de 43 538 volontaires ». Les participants ont été répartis en deux groupes : l’un recevant le vaccin en deux injections et l’autre, un placebo. Selon le laboratoire américain, la protection des patients a été obtenue sept jours après l’injection de la deuxième dose du vaccin, et vingthuit jours après la première. Le « taux d’efficacité vaccinale de plus de 90 % » a été mesuré en comparant le nombre de participants infectés par le coronavirus dans le groupe qui a reçu le vaccin et dans celui sous placebo, expliquent Pfizer et BioNTech lundi. Ces résultats fournissent « la preuve initiale de la capacité de notre vaccin à prévenir le Covid-19 », a déclaré le président-directeur général de Pfizer, Albert Bourla, dans un communiqué.
> Comment l’annonce est-elle accueillie par la communauté scientifique ? Si l’annonce est porteuse d’espoir, la communauté scientifique attend des données complémentaires sur les essais menés. «Ce serait une très bonne nouvelle, mais il faut attendre d’avoir des chiffres précis et des données détaillées, indique à 20 Minutes le Pr Daniel Floret, vice-président de la Commission technique des vaccinations, rattachée à la Haute Autorité de santé. Le vaccin est-il efficace pour prévenir la maladie, la transmission de l’infection ? S’il est efficace, est-il sûr et sans effets secondaires ? Pour l’heure, tant qu’aucune donnée n’a été publiée et analysée par des experts indépendants, il n’y a rien. Il faut être prudent. »
> Quand le vaccin pourrait-il être disponible ? Pour l’heure, « Pfizer et BioNTech accumulent des données de sécurité» jusqu’à «deux mois après la deuxième dose du candidat vaccin», selon les directives de l’agence américaine du médicament, en vue d’une potentielle autorisation d’utilisation en urgence du vaccin. Des données qui devraient être disponibles « d’ici à la troisième semaine de novembre », précise le géant de l’industrie pharmaceutique. « Vraisemblablement, il n’y aura pas qu’un vaccin mais plusieurs, probablement au second semestre 2021, rassure le Pr Floret. Mais il faut avoir conscience que l’on ne pourra pas vacciner la population mondiale en quelques mois. » De son côté, la Commission européenne a conclu en septembre un accord préliminaire avec BioNTech et Pfizer pour précommander 300 millions de doses de leur potentiel vaccin.
« Tant qu’aucune donnée n’a été analysée par des experts, il n’y a rien.» Daniel Floret, Commission technique des vaccinations