Le style du siège du PCF ne fait pas bloc derrière lui
Le siège du Parti communiste français a été largement cité lors de notre appel sur les bâtiments qui ne laissent pas indifférent
«Le siège du Parti communiste français ne sera pas simplement un bon exemple d’architecture, mais une marque de la société socialiste qui s’impose déjà avec la force d’une nécessité historique», prédisait en 1965 l’architecte brésilien Oscar Niemeyer. Près de cinquante ans après son inauguration en 1971, à côté d’un rond-point grisâtre figé dans le temps, au 2, place du Colonel-Fabien dans le 19e, « la maison des communistes français » résiste toujours. A l’occasion d’un appel lancé par 20 Minutes auprès des Parisiens et des Parisiennes sur les bâtiments qui ne laissent pas indifférent, plusieurs monuments de la capitale sont revenus : la tour Montparnasse, cette « verrue parisienne », ou la basilique du Sacré-Coeur. Mais le siège du PCF a également été cité. Alors, 20 Minutes a décidé de se pencher sur ce bloc de béton armé de l’est de la capitale, à l’heure où le leitmotiv des alliés écologistes d’Anne Hidalgo (PS) est de se libérer de ce matériau.
Des bureaux en extérieur, une vie souterraine, des couloirs arrondis mitraillés de moquette, des portes de navette spatiale et une coupole qui abrite la somptueuse salle du comité central… Le bâtiment détonne dès sa sortie de terre. Il est décrit comme un « bunker de luxe » par L’Aurore, une « sublime forteresse », par Le Monde. L’oeuvre ne laisse pas indifférent. L’essence même de l’art ? « A l’époque, l’immeuble lui-même surprend. Bien que sa silhouette soit devenue familière et même classique, on continue à s’étonner, par exemple, de la façon dont il repose sur la pointe en quelque sorte d’un triangle isocèle inversé», écrit L’Humanité dans son édition de décembre 2012, rendant hommage à Oscar Niemeyer décédé cette année-là, à l’âge de 104 ans.
Car le style architectural du siège du PCF est indissociable de son créateur, génie brésilien, exilé en France, ancien élève de Le Corbusier et animé par la liberté. Son style : les courbes. Sa matière : le béton. Et un mantra se défendant de potentielles critiques : «Le béton n’est pas responsable de la laideur. »
Matthieu Salvaing, photographe, auteur du livre Oscar Niemeyer (éd. Assouline) et qui a collaboré durant vingt ans avec l’architecte, en parle encore avec émotion. «Il y a, chez Niemeyer, une modernité et un brutalisme avec le béton, décrit-il à 20 Minutes. Et cette vision futuriste et utopique qui lui appartient. » Mais le futur vieillit-il bien? «C’est de l’architecture qui n’est peut-être pas des plus fonctionnelle et, aujourd’hui, on se rend compte que le béton ne respire pas, répond-il. Mais la magie fonctionne toujours. »
«Le béton n’est pas responsable de la laideur.» Oscar Niemeyer, architecte du siège du PCF