Un coup d’arrêt donné à la maison d’arrêt de Nanterre
La justice vient d’ordonner à la prison d’améliorer les conditions de détention
Des cafards et des punaises de lit. Le téléphone et la télé qui ne fonctionnent qu’un jour sur deux. La chasse d’eau des toilettes qui, elle, ne marche jamais, c’est donc le bac à légumes du frigo qui permet de renouveler l’eau. Pour le chauffage aussi, c’est le système D : une casserole qu’on laisse bouillir des heures dans l’espoir qu’elle dégage un peu de chaleur.
« Indignes »
Lundi, le tribunal administratif de Cergy-Pontoise a donné raison à un détenu de la maison d’arrêt de Nanterre (Hauts-de-Seine), qui dénonçait des conditions de détention «indignes». Le juge a sommé l’administration pénitentiaire de lui fournir un chauffage d’appoint ainsi que d’assurer une «campagne de désinfection visant, entre autres, à limiter la prolifération de cafards ».
«C’est triste de devoir passer par un juge pour obtenir gain de cause sur des demandes aussi élémentaires, déplore Me Juliette Chapelle, qui portait la démarche avec sa consoeur Mathilde Robert. Depuis son arrivée dans la maison d’arrêt, fin mai, notre client a fait des demandes répétées auprès de l’administration pénitentiaire, mais rien n’a bougé jusqu’à ce référé. » Seule la poignée de la fenêtre a été réparée après plusieurs courriers. D’autres travaux de remise aux normes ont été réalisés trois jours seulement avant l’examen du référé.
«Nous suivrons attentivement les conditions de détention de ce détenu », promet Dominique Simonnot, récemment nommée contrôleuse générale des lieux de privation de liberté. Sa prédécesseuse Adeline Hazan avait déjà pointé en 2016 les conditions de détention «fortement dégradées» de cette maison d’arrêt, qui affiche un taux d’occupation de 131%. Cette ordonnance pourrait-elle faire accélérer les rénovations ? L’administration pénitentiaire, qui refuse de commenter cette décision de justice, n’a pas encore indiqué si elle souhaitait faire appel. A noter que, en janvier, la France a été condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme pour des conditions de détention jugées «inhumaines» et « dégradantes ».