Même l’ADN ne parvient pas à différencier les jumeaux
Un procès de frères soupçonnés de tentatives d’assassinat s’ouvre ce lundi, à Pontoise (Val-d’Oise)
Les limites de l’ADN. Que faire lorsque celui-ci ne parle pas ? Ou plutôt qu’il désigne deux suspects. C’est à cette énigme qu’est confrontée, ce lundi, la cour d’assises de Pontoise (Val-d’Oise). Les frères T., jumeaux monozygotes –qui partagent donc le même profil génétique –, comparaissent pour trois tentatives d’assassinat à l’été 2017.
Des récits parcellaires
Tout commence par un contrôle d’identité, un soir de septembre 2017 à Cergy (Val-d’Oise), d’un groupe d’une dizaine de jeunes. A peine la police s’approche que quatre individus détalent. Dans sa fuite, l’un d’eux fait tomber de sa sacoche un pistolet automatique. Le fuyard sera arrêté quelques minutes plus tard. Dans ce même sac, une arme de poing, des munitions et des gants. Placé en garde à vue, Mohamed T., 24 ans, connu des services de police, se montre peu coopératif. Son frère, Karl, reste muet. L’enquête va vite révéler que le pistolet a servi dans trois tentatives d’assassinat survenues quelques jours auparavant dans le même secteur. Sur le pistolet et son chargeur, comme sur les gants, les experts isolent des traces d’ADN. Mais celles-ci peuvent aussi bien appartenir à Mohamed T. qu’à son frère, Karl. De plus, les deux hommes ont été vus ensemble sur les scènes de crime.
Seule la première victime s’est portée partie civile et a fait le choix de collaborer avec la police. Selon son récit, les jumeaux l’ont alpagué le 14 août alors qu’il était avec un ami, le footballeur Moussa Dembélé. Pour les deux autres victimes, les enquêteurs se sont heurtés à la loi du silence. Ces deux hommes, dont l’enquête a permis d’établir qu’ils se connaissaient et avaient eu un différend avec les deux frères, ont livré des récits parcellaires. Seule l’arme a formellement été identifiée. Mais qui la tenait? Or, si la commission du crime et sa complicité sont punies de la même peine – la réclusion criminelle à perpétuité –, la cour doit établir le rôle de chacun pour condamner les suspects.