Sur Mars, les oreilles du rover « Perseverance » ont réussi à capter des sons extras
Un chercheur français analyse les enregistrements réalisés sur Mars avec le rover «Perserverance»
Il avait déjà reproduit ces sons en laboratoire, histoire d’affiner son ouïe. Mais lorsque Baptiste Chide a écouté pour la première fois un bruit enregistré sur Mars, à plus de 100 millions de kilomètres, il a été surpris. Ce jeune chercheur de l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie (Irap), à Toulouse (Haute-Garonne), est à l’écoute de la planète rouge le 18 février, grâce au microphone installé sur l’instrument Supercam du rover Perseverance. « On a beaucoup de signal, ça marche, explique le scientifique. On va pouvoir faire de la science avec.»
Pour des oreilles non exercées, l’enregistrement évoque une légère brise. Pas pour celles de Baptiste Chide, qui ont entendu « des battements très graves à intervalles réguliers ». Il faut dire que, sur Mars, les sons sont ralentis en raison des basses températures et d’une faible pression. Pour l’heure, c’est plutôt calme à midi, avec quelques bourrasques, et le vent devient franchement turbulent dans l’après-midi vers 17 h, « là où l’activité est la plus intense », précise Baptiste Chide.
Plus aigu que prévu
A cinq reprises, le microphone conçu à Toulouse a pu être allumé. Ce sont des traces de vie que l’astromobile de la Nasa est partie chercher. Et le jeune scientifique compte mettre sa pierre à l’édifice pour en trouver. Il a ainsi pu entendre le vent, mais aussi le tir laser et son impact sur la roche. Plus aigu que prévu, ce qui devrait permettre d’entendre plus loin que les 4 m prévus. «On a vu que notre signal acoustique diminuait au fur et à mesure des tirs sur la roche, explique le chercheur de l’Irap. Cela veut dire que le laser a pénétré dans la roche, c’est une information que l’on va pouvoir relier à l’in- formation chimique des spectres. » Le son qui se dégage de cette détonation sera donc un moyen de renseigner sur la dureté de la roche, un peu comme le marteau du géologue.
« Cela nous permet de savoir comment la roche s’est formée , poursuit Baptiste Chide. Et, d’un point de vue opérationnel, Perseverance va prélever des échantillons grâce à une foreuse. Renseigner sur la dureté de la roche, cela va permettre de dire où l’on peut forer ou pas, car déployer le bras et faire un forage, ça prend du temps. »