20 Minutes (Paris)

« J’ai rêvé d’être indie populaire »

A l’occasion de la sortie de son album «Est-ce que tu sais?», Gaëtan Roussel fait le bilan de ses presque vingt-cinq ans de carrière

- Propos recueillis par Fabien Randanne

«Je voulais arborer un point d’interrogat­ion en bandoulièr­e. Pour moi, c’est nécessaire de comprendre, d’apprendre», nous confie Gaëtan Roussel en décrivant la pochette d’Est-ce que tu sais?, son quatrième album solo, qui sort ce vendredi. « Apprendre » est d’ailleurs le verbe qui revient le plus dans la bouche de l’auteur, compositeu­r et interprète.

Vous avez écrit ce nouvel album pendant le confinemen­t. Votre inspiratio­n n’a donc pas été inhibée ?

Cela a été l’une des périodes durant laquelle j’ai écrit ce disque, mais j’avais commencé avant. Le confinemen­t nous a modifiés, par rapport à nous-mêmes, aux distances, au temps. Chez moi, cela a poussé plus loin le curseur de l’idée que j’avais eue avant : celle d’être esseulé et d’écrire guitare voix. Dans Les Matins difficiles ou On ne meurt pas (en une seule fois), je parle de résilience, de comment on se relève et on continue à avancer. C’était encore plus fort d’aborder ces thèmes dans un monde à l’arrêt.

Vous êtes l’un des rares artistes à faire la quasi-unanimité, auprès du public et de la critique…

Je le prends comme un compliment. J’ai toujours rêvé d’être indie populaire. Je crois que cela fait partie de mes fondations, de ma culture musicale. Je n’ai jamais eu aucun problème à dire que j’allais à un concert de Jean-Jacques Goldman et que, la veille, j’étais allé voir Nick Cave. Après, je sais par exemple que mon deuxième album solo, Orpailleur, était davantage un disque de recherche.

Sur ce nouvel album, vous partagez des duos avec Alain Souchon et Camélia Jordana. Il y a une sorte de filiation entre vous trois ?

Je ne sais pas si eux s’y retrouvera­ient. Camélia Jordana a une voix magnifique. Elle creuse un sillon artistique avec des disques assez différents, elle cherche quelque chose, c’est une démarche intéressan­te. Alain Souchon m’accompagne depuis longtemps. Il a un talent dingue pour croquer son époque de manière intelligen­te et ciselée. Il chante peu les mots des autres, donc j’étais heureux qu’il accepte de chanter les miens.

Le premier album de votre groupe, Louise Attaque, est sorti il y a vingt-quatre ans. Comment jugezvous ce quart de siècle de carrière ?

J’ai eu la chance de faire différente­s choses, et j’espère avoir un autre quart devant moi. Je suis arrivé à la musique de l’une des manières les plus, comment dire [il réfléchit de longues secondes pour trouver le bon mot], émotionnel­les qui soient : avec du collectif, un groupe. Louise Attaque a eu une grosse résonance avec le premier album, on a fait un deuxième disque et puis, en 2001, on a décidé d’arrêter. Après, on s’est retrouvés en se disant qu’on pouvait refaire un truc ensemble. Ce n’est pas parce qu’on fait autre chose qu’on tourne le dos. J’ai aimé aussi tout à coup rencontrer Alain Bashung, qui m’a ouvert la porte d’une carrière solo. Et j’ai eu la chance d’écrire pour d’autres.

Vous avez été en groupe avec Louise Attaque et Tarmac, en duo dans le projet Lady Sir, en solo. C’est une manière de vous réinventer ?

C’est un besoin de vivre d’autres choses. J’enfonce des portes ouvertes en disant ça mais, quand je suis en duo avec Rachida Brakni, ce n’est pas la même chose que quand je suis en quatuor avec Louise Attaque. On apprend tout le temps, et j’en suis très heureux. Il en va de même pour mon besoin de faire de la radio, tel que je l’ai fait sur RTL2, en recevant d’autres artistes [dans l’émission « Clap Hands »]. Ça me recentre. Ce n’est plus moi qui présente un de mes disques, c’est moi qui accueille. Je me dis qu’il y a un truc à apprendre, à garder, à chercher dans cette démarche.

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