20 Minutes (Paris)

Amusant et addictif, le VTT à assistance électrique sort des sentiers battus

Le «e-bike» est devenu l’un des sports les plus fun grâce à l’arrivée de l’assistance électrique

- A Rennes, Camille Allain

Certains l’appellent le VTTAE, d’autres le «e-bike». Peu importe son nom, le VTT à assistance électrique fait l’unanimité chez ses pratiquant­s. «L’essayer, c’est l’adopter», chantent-ils tous en choeur. Encore confidenti­elle il y a quelques années, la pratique est en train d’exploser, portée par l’appétit de sportifs plus ou moins aguerris pour ce sport à sensations, qui s’ouvre d’un coup à un public large. «Quand j’ai commencé, il y avait une stigmatisa­tion. On nous prenait pour des fainéants. On nous critiquait en disant qu’on n’avait pas besoin de pédaler, que ce n’était pas du sport.» Les mots sont signés du double champion olympique et quintuple champion du monde de VTT, Julien Absalon.

Dans l’histoire du sport, on a sans doute vu plus fainéant que le Vosgien. Ce dernier fut l’un des premiers à accepter d’enfourcher une version électrique, avant même de prendre sa retraite en 2018. « Je faisais ma préparatio­n avec, assure le quadragéna­ire. Ça me permettait d’aller plus loin, de rouler plus longtemps, de faire des entraîneme­nts plus techniques, avec des pneus plus gros et plus de débattemen­t [dans la fourche]. On a regardé, et les valeurs de puissance de l’athlète sont similaires. On peut même faire plus de cardio, car la fréquence de pédalage augmente.» Le champion français n’est pas le seul à s’éclater au guidon de sa machine. Au fil de nos échanges, tous ceux qui nous ont parlé de leur nouvelle bécane nous ont loué le plaisir de la discipline. «Ceux qui pensent que c’est un vélo de vieux n’ont jamais essayé, explique Nadine Sapin, l’une des ambassadri­ces du VTTAE français. Il y a un tel plaisir à piloter dans les montées, on peut faire de la technique, ne jamais s’arrêter. On reste tout le temps sur le vélo car on peut presque tout monter, c’est incroyable.» Installée dans les Alpes Maritimes, cette pharmacien­ne estpassée à la version électrique de sa discipline après une carrière semi-pro en VTT classique. Un moyen d’avaler des dénivelés impensable­s et de s’évader loin, très loin.

Mais résumer l’explosion de cette pratique aux seuls compétiteu­rs serait pourtant une erreur. Car, partout sur les chemins de France et du monde, les moteurs électrique­s viennent prêter main-forte à des passionnés de tous niveaux. On pense notamment à Gérard, 79 ans, excellent rouleur à qui on avait conseillé de ralentir la pratique du VTT pour épargner son coeur. Le retraité avait investi 3 000 € pour s’offrir une monture électrique, il y a un peu plus de quatre ans. Un achat conséquent qui lui a permis de poursuivre sa passion et de continuer à suivre son ami Michel, presque vingt ans de moins que lui, sur les chemins des marais de Brière, en Loire-Atlantique. Et ça, ça n’a pas de prix.

Sans le savoir, le VTT à assistance électrique est venu gommer les différence­s d’âge, de niveau, de puissance aussi. On voit ainsi des couples rouler ensemble pour la première fois de leur vie. « On a vite senti qu’il y avait un beau potentiel pour ce que l’on appelle le sport santé. C’est un super outil pour mettre ou remettre des gens au VTT, embraie Joaquim Lombard, cadre technique en charge de la discipline au sein de la Fédération française de cyclisme. Certains n’osaient pas, avaient peur que ce soit trop dur. De plus en plus de collectivi­tés ou de stations de sport d’hiver nous contactent pour aménager des circuits. La progressio­n du nombre de pratiquant­s est très forte.» Si la pratique loisirs a pris son envol, la compétitio­n reste pour l’heure un peu chaotique. Nadine Sapin garde un goût amer des derniers championna­ts du monde organisés par l’Union cycliste internatio­nale à Leogang, en Autriche. «Le tracé n’était pas du tout adapté! On nous avait mis sur le même parcours que le crosscount­ry classique, ça n’avait aucun intérêt.» Pour mieux coller à la demande des pratiquant­s, la Fédération française a décidé de se distinguer. Le 6 juin, elle organisera son championna­t de France à Villard-de-Lans (Isère), en mode «rallye». Seules certaines portions seront chronométr­ées et un véritable tracé adapté sera proposé aux pilotes. «Notre ambition, c’est d’attirer des champions, mais aussi des pratiquant­s moins chevronnés pour faire connaître la discipline, rappelle Joaquim Lombard. La compétitio­n reste la meilleure vitrine pour faire connaître un sport. On est au tout début de son histoire, c’est une discipline très jeune.» Faut-il imaginer la rendre un jour olympique? «Ça, c’est impossible, tranche Julien Absalon. C’est contraire à l’esprit olympique.»

«On reste tout le temps sur le vélo car on peut presque tout monter, c’est incroyable ! »

Nadine Sapin, ambassadri­ce du VTTAE

«C’est un super outil pour mettre ou remettre des gens au VTT. »

Joaquim Lombard, cadre technique à la FFC

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