Les scénaristes, lassés d’être traités en poids plumes
Sur Facebook, des auteurs et autrices de fiction dénoncent des abus et des conditions de travail indignes
Aucun film, téléfilm, dessin animé ou série ne pourrait voir le jour sans scénario. Et pourtant, depuis décembre, la page Facebook Paroles de scénaristes publie chaque jour des témoignages anonymes d’auteurs et d’autrices de fiction qui dénoncent des abus de pouvoirs, des conditions de travail indignes, du travail gratuit, une absence de reconnaissance de leur métier ou la réappropriation de leur travail.
« L’Etat doit nous donner les moyens de correctement nous défendre pour sortir de ce statut d’esclaves modernes, sans chômage ni congés payés, payant des charges, mais sans droit à une protection sociale digne de ce nom », demandent les scénaristes dans une tribune parue le 4 février dans Télérama.
«On se bat pour des minima»
« Le scénariste a un statut d’auteur », rappelle Anne Rambach, membre de la Sacd (Société des auteurs et compositeurs dramatiques), à qui l’on doit, avec sa coautrice Marine Rambach, la série Ben et des épisodes de Candice Renoir et Engrenages. « Certains gagnent très bien leur vie, et d’autres, à peine. » « Ce qu’il faut arrêter à tout prix, c’est de faire travailler les gens gratuitement, estime Déborah Hassoun, directrice de collection de la saison 7 de Skam France. Les scénaristes doivent dire “non”. Paroles de scénaristes sert à dire aux jeunes auteurs, et même aux confirmés, qu’on n’est pas obligé d’accepter. »
«Le problème de notre statut social est son absurdité kafkaïenne », explique Marie Roussin, présidente de La Guilde française des scénaristes, qui a notamment dirigé l’écriture des Bracelets rouges. Les scénaristes sont par exemple considérés comme des «indépendants», mais ne disposent pas de numéro Siret.
En France, entre 1 % et 3 % du budget d’une oeuvre cinématographique est alloué à l’écriture, contre 10% à 15% aux Etats-Unis. « Des minima seraient une manière de garantir à tous les auteurs d’être rémunérés comme ils le méritent», assure Anne Rambach. Et les syndicats de scénaristes et la Sacd sont actuellement en pleine négociation.