Les boutades coulent à flow chez les rappeurs
Vald manie l’humour dans ses textes et lutte pour être reconnu
Vald aime brouiller les pistes. Rappeur déjanté, capable des pires obscénités, de coups de génie marketing mais aussi, et surtout, de textes brillants, profonds et drôles sur les déboires de la vie urbaine, Valentin Le Du, de son vrai nom, passe tour à tour pour un génie ou un imbécile selon les humeurs. Peut-être parce qu’il ose manier l’humour cradingue comme Alkpote avant lui (une de ses références assumées). Vald a été étiqueté comme un rappeur stupide par ses contempteurs, mais aussi par certains de ses fans, fascinés par sa capacité à effectuer ce grand écart entre trivialité et esprit. Alors qu’il sort enfin son premier « vrai » album, Agartha, le rappeur aimerait se débarrasser de cette image.
Message clarifié
« Avant, ça me faisait rire de vanner tout le monde, de critiquer, de faire youhou. Mais quand, au bout d’un moment, les gens qui te prenaient pour un con continuent à te prendre pour un con alors que tu as montré autre chose, ça suffit. Sur l’album, j’ai voulu être plus clair. Il y a masse de gens qui ne me prennent pas au sérieux, et ça m’agace », assure le rappeur de Seine-Saint-Denis. Vald fait les frais de l’humour. Si une stupidité feinte et bien mise en scène peut aider un rappeur à se faire remarquer, elle est difficile à assumer sur le long terme. OrelSan, à ses débuts, jouait l’ado attardé et imbécile, loser égocentrique de province. Un personnage de débile qui lui a collé à la peau. « Les trucs un peu baroques qui sortent de l’ordinaire ne sont pas compris par la majorité des gens parce que leurs cerveaux sont façonnés par le marketing », assure Vald. L’auteur de « Bonjour » a donc clarifié sa musique et son message. Sans pour autant renier ses principes. « Je pourrais aussi bien faire du rap normal, un truc un peu obscur avec une prod’ et des sonorités qu’on connaît bien enrobé d’un discours pseudo-revendicateur naïf, balance Vald. Du rap qui fait plaisir et brosse dans le bon sens du poil. Mais c’est de la merde. »