La bombe Bure
Dans la Meuse, le projet d’enfouissement des déchets les plus radioactifs est contesté
La France projette d’enfouir des déchets radioactifs à Bure (Meuse). Les opposants au projet multiplient les recours en justice et les actions sur le terrain.
Bure n’est qu’un petit village de 80 habitants au beau milieu de la Meuse. C’est pourtant là que la filière nucléaire française joue son avenir. La décision du tribunal de BarLe-Duc, qui doit ordonner ce mercredi l’expulsion ou non des antinucléaires qui occupent le bois Lejuc, dans la commune voisine de Mandres-en-Barrois, n’y changera rien.
Propriété de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), ce bois pourrait être un nouveau Notre-Dame-des-Landes (lire ci-contre). C’est en son sous-sol, à 500 m de profondeur, que l’Andra veut enfouir les déchets les plus radioactifs de l’industrie nucléaire française. Le coût du projet, baptisé Cigéo : 25 milliards d’euros.
« Nous ne sommes ni Areva ni EDF, mais bien un établissement public mandaté par le parlement. Cigéo est un projet d’intérêt national », insiste l’Andra. Sa mission est en effet de gérer les déchets nucléaires, dont ceux dits de longue vie, les plus problématiques : « Ce n’est que 4 % du total du parc français, mais ils représentent 99 % de la radioactivité de ce total, indique l’Andra. Surtout, ils sont nocifs sur des centaines de milliers d’années. »
Aujourd’hui, 50 % des déchets de longue vie qui pourraient atterrir un jour à Bure sont produits et entreposés à La Hague (Manche), sur un site Areva. Une solution présentée comme sûre, mais seulement sur une durée déterminée…
Cigéo est-il une solution définitive pour ces déchets ? Le sous-sol de Bure dispose d’une couche salvatrice d’argile. « Elle est stable, elle sera là dans 100000 ans et elle présente des propriétés physiques et chimiques qui la rendent imperméable. » Pas de quoi rassurer pour autant les antinucléaires. Porte-parole du parti EELV, Julien Bayou évoque le « WIPP », un site d’enfouissement de déchets radioactifs issus de la fabrication des armes nucléaires. « Il a fermé en 2014, après des fuites, et rechercher les conteneurs de déchets coûte des milliards. La solution de l’enfouissement n’est pas mûre. » Mais il n’y en aurait pas d’autres à ce jour, assure l’Andra. « Eh bien, attendons, réclament les antinucléaires de Bure. La priorité, c’est réaliser que la filière nucléaire est incapable de gérer ses déchets… Il faut donc en sortir. »
« La solution de l’enfouissement n’est pas mûre. » Julien Bayou, EELV