La caméra capte l’éclate faciale
La détection des émotions par analyse des visages intéresse les commerçants
Doute. Indécision. Enthousiasme. Déception. Satisfaction. Ces émotions peuvent nous traverser chaque jour, et notamment dans les allées d’un magasin, face à un étalage de produits. Et les vendeurs aimeraient bien les capter pour les entrer dans une base de données… Les progrès des algorithmes en reconnaissance d’image permettent en effet d’analyser nos traits pour en déduire des « émotions ». Dans les bureaux d’Angus.ai, via une webcam, l’ordinateur vous observe. Quand vous souriez, il prend note. Premier domaine d’application : le commerce de détail. « Les caméras filment les clients. Nous récupérons les flux vidéo et les soumettons à nos algorithmes, explique Gwennaël Gâté, co-créateur de la start-up et docteur en intelligence artificielle. Le commerçant peut savoir qui passe devant quel produit, s’il s’y attarde, si c’est un homme ou une femme, dans quelle tranche d’âge [avec une marge d’erreur], s’il a l’air content ou non… et optimiser son magasin en fonction. »
Technique légale
Devant plusieurs bouteilles de champagne, vous vous attardez et semblez circonspect ? « Si le logiciel repère que le client hésite depuis longtemps, il peut décider de lancer à proximité une publicité qui donne la bonne info au bon moment, par exemple avec des conseils sur comment choisir son champagne, détaille Gwennaël Gâté. Ou un vendeur peut recevoir sur son smartphone une notification qui signale que près des champagnes une femme au haut bleu a besoin d’aide. » La technique est légale pour la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil), si les images ne sont vues par aucun humain, ne sont pas conservées sous forme de données, et si aucune donnée biométrique n’est récupérée. En décembre, KFC s’est associé avec Baidu pour intégrer un outil de reconnaissance faciale identifiant les clients fidèles, pour leur proposer des menus en fonction de leur âge et sexe. A quand McDo qui vous sert un Sundae avec double ration cacahuètes, parce que vous avez l’air déprimé? « Les algorithmes sont capables de détecter le symptôme de l’émotion, pas celle que vous avez au fond du coeur! souligne Gwennaël Gâté. Les vraies émotions sont fines. Elles ne sont pas simples à détecter pour les humains, et encore moins pour les algorithmes, qui peuvent se tromper. »