20 Minutes (Rennes)

Le vote utile pourrit la campagne présidenti­elle de Benoît Hamon

Prônée par le PS après le 21 avril 2002, cette stratégie pourrait bénéficier à Macron

- Thibaut Le Gal

Benoît Hamon vit des jours difficiles. Le candidat PS a reculé au cinquième rang dans plusieurs sondages, une cinquantai­ne de parlementa­ires socialiste­s ont rallié le fondateur d’En marche ! et Manuel Valls pourrait d’ailleurs s’ajouter à la liste dans les jours qui viennent. « Le seul vote utile, c’est le vote utile pour vous […] Votez “pour”, plutôt que voter par défaut », a lancé Benoît Hamon, dimanche, face à une fuite possible des électeurs. « Traditionn­ellement, le vote utile joue à plein pour le candidat du PS, rappelle Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’Ifop. En 1981, François Mitterrand appelait déjà au vote utile face au communiste Georges Marchais. Mais, pour l’électorat de gauche, le tournant est le traumatism­e de 2002, lorsque Jean-Marie Le Pen se qualifie pour le second tour. » Aux élections suivantes, le PS rappelle l’échec de Lionel Jospin au premier tour pour éviter la dispersion des voix. « Le 21 avril 2002 doit encore être dans toutes les mémoires. Nous ne devons prendre aucun risque (...) Aucune voix ne doit manquer », affirmait par exemple le candidat Hollande en mars 2012 dans un entretien à La Provence. Cette année, pourtant, le « vote utile » pourrait avantager un autre candidat que celui du PS.

Mélenchon, l’autre menace

« Beaucoup d’électeurs de gauche se disent qu’il y a un risque de retrouver Fillon/Le Pen au second tour et pourraient voter pour le candidat “de gauche” le mieux placé. Aujourd’hui, le vote utile est un vote Macron, avance Frédéric Dabi. Dans nos enquêtes, on voit que 50 % des électeurs de Hollande en 2012 choisissen­t le candidat d’En marche ! dès le premier tour. » Dans l’entourage de Benoît Hamon, on ne s’affole pas. « Si on avait suivi les sondages au moment de la primaire, Benoît Hamon aurait dû abandonner avant le premier tour », répond Danielle Auroi, députée EELV. « Il n’y a pas de menace d’un duel possible entre le FN et la droite, avance Jérôme Guedj, porte-parole de Hamon. Certains proposent un vote résigné, défensif. Nous préférons défendre un vote “pour”. On peut encore gagner sur les deux tableaux : battre le FN et offrir un contenu programmat­ique réellement de gauche. » La tâche du candidat socialiste pourrait se compliquer : Jean-Luc Mélenchon le double désormais dans les sondages. Mais dans l’équipe de la France insoumise, on refuse de polémiquer : « Il faut toujours voter pour ce que l’on croit être le meilleur pour le pays. »

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Le candidat PS a rétrogradé à la cinquième place dans les sondages.

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