Les fans, pires ennemis des « showrunners »
« Westworld » a dû être réécrite à cause de révélations
C’est pas bientôt fini, oui!? A cause de petits malins qui ont deviné le twist principal, Jonathan Nolan, le créateur de la série « Westworld », a dû réécrire l’épisode 3 de la saison 2. « Reddit a déjà vu venir un rebondissement », a-t-il expliqué au PaleyFest, samedi. Et « Westworld » est loin d’être la seule série à se faire spoiler par les fans avant même sa diffusion : « Game of Thrones » a fait l’objet de toutes les conjectures. Au point que l’auteur des livres, George R. R. Martin, a même songé en 2014 à changer la fin de son histoire, agacé par ces devins du Net. Et ne parlons même pas de « Lost » qui avait éveillé de nombreuses théories à son époque, parfois très proches de la réalité. A force de vouloir percer les mystères de leur fiction préférée, ces communautés de fans ne sont-elles pas en train de devenir leurs pires ennemis (ou ceux des showrunners)?
Pouvoir d’une communauté
« Les fans se sont toujours réunis autour d’une oeuvre pour imaginer la suite, relève Alain Carrazé, journaliste spécialiste des séries télévisées et auteur des Nouveaux Feuilletonistes (éditions Fantask). Dans les années 1960, il existait déjà des fanfictions [des amateurs qui s’amusent à écrire la suite pour faire durer le plaisir] aux Etats-Unis. » « Dans les années 2000, les fans de “Battlestar Galactica” argumentaient sur des théories de façon détaillée avec des captures d’écran à l’appui, des bouts de dialogue, des arrêts sur image pour anticiper la suite de la série », surenchérit Mélanie Bourdaa, docteure en sciences de l’information et de la communication. Les inconditionnels de « Pretty Little Liars » créent même des Tumblr pour mettre en commun les preuves de leurs théories. La nouveauté réside surtout dans l’écho que toutes ces spéculations trouvent sur le Web et dans la presse. « Ce qui était réservé aux communautés de fans, aux forums, est aujourd’hui à la mode, surtout parce que ça fait du clic », souligne Alain Carrazé.