Les cétacés mieux signalés
Le logiciel anti-collisions avec les mammifères marins devient obligatoire
Les rorquals et les cachalots de la Méditerranée respireront sans doute un peu mieux. A compter du 1er juillet, 45 navires devront obligatoirement s’équiper de Repcet, un logiciel qui permet d’éviter les collisions avec les baleines, première cause de mortalité non naturelle chez les grands cétacés. Entre 8 et 40 rorquals décéderaient de la sorte chaque année, sur une population de 1 000 individus estimés dans le sanctuaire Pelagos [un espace maritime faisant l’objet d’un accord entre la France, Monaco et l’Italie pour la protection des mammifères marins qui le fréquentent]. Mais le phénomène reste « compliqué à quantifier, indique l’océanologue Denis Ody, responsable du pôle océan et côte au WWF. Sur un bateau de 200 m, le choc n’est pas perceptible. L’équipage s’en rend compte au port lorsque le cétacé est resté coincé à la proue du navire. Mais, le plus souvent, il disparaît au fond des océans après la collision. » D’où cette volonté de généraliser Repcet.
3 600 € par an
Il s’agit de l’une des mesures de la loi sur la reconquête de la biodiversité de Ségolène Royal. « Le décret est assez restrictif, prévient Morgane Ratel, de l’association Souffleurs d’écume, qui a coconçu Repcet. Il ne s’applique qu’aux navires de plus de 24 m, battant pavillon français et faisant au moins dix passages par an dans le sanctuaire Pelagos ou celui d’Agoa aux Antilles. » Denis Ody, lui, y voit une première victoire, car Repcet est une sorte de Coyote des mers : pour qu’il soit efficace, comme l’avertisseur de radars, il faut qu’un maximum de navires l’utilisent. L’équipage signale une baleine à un serveur à terre qui transmet l’information à tous les abonnés Repcet sur une carte. Le logiciel peut même déterminer une zone dans laquelle les navires ont des fortes chances de croiser l’animal. Encore faut-il que les équipages soient formés à l’observation des baleines et que les navires respectent les limitations de vitesse. « Des études ont établi que si le bateau va à plus de 13 noeuds (24 km/h), le risque que la collision soit mortelle pour le cétacé grimpe à 80 %, contre 20 % quand la vitesse est inférieure à 10 noeuds », souligne Denis Ody. Pour Eric Banel, délégué général d’Armateurs de France, qui fédère les entreprises françaises de transport et de services maritimes, la priorité est « de pousser tous les bateaux qui circulent dans la zone Pelagos à s’équiper de Repcet. Et pas seulement les Français. » Denis Ody assure travailler sur ce point avec le WWF Italie. L’argument qui lui est souvent opposé : les 3600 € par an et par navire que coûte Repcet. « Cette somme n’est qu’une partie infime des frais de fonctionnement d’un navire », tranche-t-il.