20 Minutes (Rennes)

Les cétacés mieux signalés

Le logiciel anti-collisions avec les mammifères marins devient obligatoir­e

- Fabrice Pouliquen

Les rorquals et les cachalots de la Méditerran­ée respireron­t sans doute un peu mieux. A compter du 1er juillet, 45 navires devront obligatoir­ement s’équiper de Repcet, un logiciel qui permet d’éviter les collisions avec les baleines, première cause de mortalité non naturelle chez les grands cétacés. Entre 8 et 40 rorquals décéderaie­nt de la sorte chaque année, sur une population de 1 000 individus estimés dans le sanctuaire Pelagos [un espace maritime faisant l’objet d’un accord entre la France, Monaco et l’Italie pour la protection des mammifères marins qui le fréquenten­t]. Mais le phénomène reste « compliqué à quantifier, indique l’océanologu­e Denis Ody, responsabl­e du pôle océan et côte au WWF. Sur un bateau de 200 m, le choc n’est pas perceptibl­e. L’équipage s’en rend compte au port lorsque le cétacé est resté coincé à la proue du navire. Mais, le plus souvent, il disparaît au fond des océans après la collision. » D’où cette volonté de généralise­r Repcet.

3 600 € par an

Il s’agit de l’une des mesures de la loi sur la reconquête de la biodiversi­té de Ségolène Royal. « Le décret est assez restrictif, prévient Morgane Ratel, de l’associatio­n Souffleurs d’écume, qui a coconçu Repcet. Il ne s’applique qu’aux navires de plus de 24 m, battant pavillon français et faisant au moins dix passages par an dans le sanctuaire Pelagos ou celui d’Agoa aux Antilles. » Denis Ody, lui, y voit une première victoire, car Repcet est une sorte de Coyote des mers : pour qu’il soit efficace, comme l’avertisseu­r de radars, il faut qu’un maximum de navires l’utilisent. L’équipage signale une baleine à un serveur à terre qui transmet l’informatio­n à tous les abonnés Repcet sur une carte. Le logiciel peut même déterminer une zone dans laquelle les navires ont des fortes chances de croiser l’animal. Encore faut-il que les équipages soient formés à l’observatio­n des baleines et que les navires respectent les limitation­s de vitesse. « Des études ont établi que si le bateau va à plus de 13 noeuds (24 km/h), le risque que la collision soit mortelle pour le cétacé grimpe à 80 %, contre 20 % quand la vitesse est inférieure à 10 noeuds », souligne Denis Ody. Pour Eric Banel, délégué général d’Armateurs de France, qui fédère les entreprise­s françaises de transport et de services maritimes, la priorité est « de pousser tous les bateaux qui circulent dans la zone Pelagos à s’équiper de Repcet. Et pas seulement les Français. » Denis Ody assure travailler sur ce point avec le WWF Italie. L’argument qui lui est souvent opposé : les 3600 € par an et par navire que coûte Repcet. « Cette somme n’est qu’une partie infime des frais de fonctionne­ment d’un navire », tranche-t-il.

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Jusqu’à 40 rorquals par an décèdent après avoir été heurtés par un navire.

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