20 Minutes (Rennes)

Les Etats-Unis mettent le frein sur les exécutions

Amnesty Internatio­nal souligne la baisse du nombre d’exécutions dans le pays

- Hélène Sergent

Cela n’était pas arrivé depuis onze ans. Pour la première fois depuis 2006, les Etats-Unis ne figurent plus parmi les cinq pays pratiquant le plus d’exécutions, selon le rapport annuel sur la peine de mort publié mardi par l’ONG Amnesty Internatio­nal. L’an passé, 20 personnes ont été exécutées outre-Atlantique. Il faut remonter à l’année 1991 pour retrouver un chiffre aussi faible que celui enregistré en 2016. Pour Anne Denis, responsabl­e de la commission abolition de la peine de mort de l’ONG, ces chiffres s’expliquent notamment par la pénurie de produits létaux utilisés pour les mises à mort : « Les Etats ont du mal à s’approvisio­nner en drogues létales parce que les laboratoir­es européens refusent d’exporter à ces fins et cette décision a été suivie par les labos américains. » En mai 2016, le groupe Pfizer a effectivem­ent décidé d’interdire l’utilisatio­n de ses produits pour les injections létales.

Un coût trop élevé

La baisse s’observe également en matière de décision judiciaire : 32 personnes ont été condamnées à mort en 2016, contre 52 en 2015. Pour Simon Grivet, chercheur associé au Centre d’études nord-américaine­s et auteur d’une thèse sur la peine de mort en Californie (2011), le coût économique de la procédure serait trop élevé : « Condamner un criminel à mort entraîne des procédures très longues émaillées de recours, d’appels. Cela peut durer dix, quinze ou trente ans, c’est coûteux. Les abolitionn­istes ont plaidé pour l’applicatio­n d’une peine de perpétuité réelle comme alternativ­e moins coûteuse. » Pénurie, évolution sociétale, économies… La diminution du nombre d’exécutions peut-elle augurer d’une disparitio­n de la peine de mort au pays de Donald Trump? Pas tout à fait, nuance Arnaud Gaillard, sociologue et auteur de 999 (Ed. Max Milo) sur la peine capitale aux Etats-Unis. « Ces chiffres s’inscrivent dans un mouvement entamé depuis 1999 (…) Mais ça ne veut pas dire que la population américaine est favorable à l’abolition dans son ensemble. Lentement, elle finit simplement par s’endormir (…) Quant à une éventuelle décision de la Cour suprême actant la peine capitale inconstitu­tionnelle, c’est impossible avec Trump au pouvoir. La nomination du nouveau juge ultra conservate­ur, choisi par le président, amenuise cette éventualit­é. »

 ??  ??
 ??  ?? La diminution du nombre d’exécutions n’augure pas, pour autant, de l’abolition de la peine de mort aux Etats-Unis.
La diminution du nombre d’exécutions n’augure pas, pour autant, de l’abolition de la peine de mort aux Etats-Unis.

Newspapers in French

Newspapers from France