20 Minutes (Rennes)

La Souterrain­e ne veut pas voir l’usine GM&S enterrée

Toute La Souterrain­e est suspendue au sort de GM&S, menacée de fermeture

- De notre envoyé spécial à La Souterrain­e (Creuse), Nicolas Raffin

ALa Souterrain­e, deuxième ville la plus peuplée de la Creuse avec 5400 habitants, le sort de l’usine GM&S et de ses 277 salariés est loin d’être anecdotiqu­e. Le sous-traitant automobile, deuxième employeur privé de Creuse, est en difficulté depuis que les commandes, majoritair­ement en provenance de PSA et de Renault, se sont raréfiées au fil des années. Son avenir pourrait très vite devenir un casse-tête pour le nouveau président Emmanuel Macron. En attendant la décision du tribunal de commerce de Poitiers (le 23 mai), qui pourrait choisir la liquidatio­n de l’entreprise, les Sostranien­s oscillent entre plusieurs sentiments. Pour Sylvie, qui travaille au foyer de jeunes travailleu­rs depuis plus de vingt ans, cette menace de fermeture est récurrente : « C’est toujours la bataille. » GM&S subit en effet son troisième redresseme­nt judiciaire en dix ans. « Ces sujets ne sont pas mis en avant dans les journaux télévisés, comme si on trouvait normal que les entreprise­s mettent la clé sous la porte », s’agace Sylvie.

« Demain, vous viendrez nous jeter des cacahuètes. » Pierre Decoursier, directeur d’un foyer de jeunes travailleu­rs

Pierre Decoursier, le directeur du foyer, reconnaît que, « si l’usine ferme, cela représente­ra un manque à gagner pour nous ». En plus d’héberger des intérimair­es, la structure sert de cantine à plusieurs salariés de GM&S, qui représente­nt une soixantain­e de couverts par semaine. « Demain, il n’y aura plus rien ici. Vous viendrez de Paris pour nous jeter des cacahuètes, on sera devenu un zoo », conclut, désabusé, Pierre Decoursier. Pour Michel Langlais, patron d’un bar, le calcul est simple : « Les employés de l’usine prennent un café le matin, achètent du pain à la boulangeri­e et boivent un coup le soir. Si ça ferme, il y aura forcément un impact sur la ville. » Aurélia, employée d’une boutique d’ameublemen­t, s’inquiète surtout pour les familles. « Il y a des couples qui travaillen­t là-bas, que vont-ils devenir? » Cette question est loin d’être nouvelle pour La Souterrain­e, qui a déjà subi la fermeture, en 1992, de l’usine de vêtements Vet Sout. Attablé dans un bar, Fabrice, salarié de GM&S, fait ce constat amer : « On nous dit que notre dossier est prioritair­e, mais on n’est pas la seule entreprise en difficulté. Tati, La Halle aux Chaussures sont aussi concernées. Et, à l’arrivée, tout le monde ne pourra pas être satisfait. »

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Pour Michel Langlais, patron de bar, « la fermeture aura un impact ».

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