20 Minutes (Rennes)

La taxe Tobin a perdu beaucoup de crédit

Les ministres européens se réunissent ce lundi sur le sujet

- Nicolas Raffin

La réunion s’annonce sportive. Ce lundi, les ministres des Finances de la zone euro se retrouvent pour évoquer la taxe sur les transactio­ns financière­s (TTF) ou « taxe Tobin », sur la table depuis des années. Concrèteme­nt, il s’agirait de prélever une commission minime (0,1 % par exemple) sur chaque échange d’actions ou de produits dérivés, afin de limiter la spéculatio­n.

Que décidera Macron ?

Depuis quelques mois, les signes négatifs se multiplien­t. La Belgique, pourtant a priori favorable, rechigne à adopter le compromis. Mais, pour le Premier ministre belge Charles Michel, son pays n’est pas le seul fautif. « En Allemagne, il existe des craintes [sur la mise en place de la taxe] depuis le Brexit. En France, Emmanuel Macron a énoncé des doutes », a-t-il affirmé jeudi. Avec le Brexit, des places financière­s comme Francfort (Allemagne) ou Paris espèrent en effet récupérer une partie des activités de la City de Londres, si le Royaume-Uni venait à perdre son accès au marché unique. La mise en place d’une taxe serait alors, selon elles, un mauvais signal. Selon Dominique Plihon, économiste et porte-parole d’Attac (créée pour défendre la taxe Tobin), « si cette taxe marche comme on le souhaite, cela va réduire les transactio­ns financière­s. La grande majorité de ces transactio­ns sont spéculativ­es. Elles créent un climat d’instabilit­é et nuisent à l’économie. Emmanuel Macron n’est absolument pas dans cette logique : il rejette la taxe car il craint une baisse de l’activité des banques françaises. » A l’inverse, Alexandre Naulot, spécialist­e de la régulation du secteur financier à Oxfam, laisse le bénéfice du doute au président français. « Il a mis l’Europe au coeur de son élection, note le spécialist­e. Va-t-il prendre le risque de ralentir les négociatio­ns ? Ce serait un signe très négatif. » La réunion de ce lundi permettra peut-être de clarifier la position du chef de l’Etat.

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Après le Brexit, Paris et Francfort espèrent court-circuiter la City.

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