20 Minutes (Rennes)

« Une médecine à deux vitesses »

Le dérembours­ement de l’Avastin, un anti-cancéreux, indigne les malades et les praticiens

- Oihana Gabriel

Un médicament devenu inabordabl­e… et pourtant indispensa­ble. Depuis janvier, environ 400 patientes atteintes du cancer du col de l’utérus ne peuvent plus suivre leur traitement. En cause : l’Avastin, le seul médicament adapté, n’est plus remboursé par la Sécurité sociale. « J’ai la mort en face de moi si je récidive », s’alarme Eléonore Piot, qui a survécu à un cancer du col de l’utérus. « En 2010, les traitement­s ont pris fin et, aujourd’hui, je suis déclarée guérie. » Mais si le cancer réapparaît, Eléonore Piot ne pourra pas prendre l’Avastin, seule thérapie médicament­euse efficace contre les récidives de ce type de cancer féminin. « C’est pourtant le seul traitement médicament­eux qui prolonge la vie de ces femmes et améliore les effets de la chimiothér­apie, regrette Brigitte Massicault, présidente d’Imagyn, une associatio­n de patientes touchées par les cancers gynécologi­ques. Si elles ne peuvent plus le prendre, on sait que la maladie va gagner dans quatre à six mois. » Bien que le traitement ne rime pas avec la guérison, il a un impact très important pour ces patientes. « C’est un peu plus de temps et d’espoir, peutêtre pour entrer dans un autre processus de soin ou pour dire adieu », assure Eléonore Piot.

Un traitement à 12 800 €

Or le traitement est particuliè­rement coûteux : jusqu’à 12 800 €… Seules les patientes qui ont les moyens peuvent se le procurer et, donc, se soigner. « On entre dans une médecine à deux vitesses », regrette Anne Floquet, oncologue. Autre injustice : ce traitement n’est plus remboursé pour ces patientes, mais reste couvert pour les cancers du côlon ou des ovaires. « C’est révoltant! s’emporte Eléonore Piot. D’autant plus que cela représente des économies modestes. Il ne faudrait pas que ce qui se passe pour le cancer du col s’élargisse à d’autres cancers. » Le nouveau ministère de la Santé, lui, s’est déjà saisi du dossier. « La ministre [Agnès Buzyn] est très sensible à la question de l’égal accès aux traitement­s et elle a demandé à ses équipes des solutions, confirme-t-on au ministère. Mais, plus largement, pour tous les traitement­s innovants, on réfléchit aux critères d’entrée et de sortie de la “liste en sus”, qui ne donnent pas satisfacti­on. » Et Eléonore Piot de plaider : « C’est urgent, parce que c’est la vie de femmes qui est au bout de ce médicament. »

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L’Avastin n’est plus remboursé pour le cancer du col de l’utérus.

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