Des poubelles payées au poids
La tarification incitative inclut une part variable dans la facture de gestion des déchets
«Les ménages ne sont pas assez incités financièrement à trier leurs déchets », constate Jean-Marc Boursier, président de la Fédération nationale des activités de la dépollution et de l’environnement (Fnade), qui regroupe 232 entreprises du déchet, et directeur général adjoint de Suez. La majorité des collectivités territoriales financent la gestion des déchets via deux taxes, qui dépendent de la valeur locative du logement ou du nombre de personnes vivant dans le foyer. Pourtant, dès la fin des années 1990, des collectivités de communes ont mis en place la tarification incitative (TI) en fonction du poids de la poubelle grise et de celle des ordures ménagères non recyclables. La Fnade veut accélérer le déploiement de ce dispositif. La tarification incitative a surtout été mise en place dans l’est de la France et dans les Pays de la Loire. Ailleurs, le développement est très poussif, voire nul pour le sud-est de la France. Elle présente pourtant des bilans globalement positifs. Dans le Grand Besançon, la communauté d’agglomérations la plus peuplée à l’avoir instaurée, depuis 2012, les habitants paient une part fixe d’abonnement et une part variable, calculée en fonction du poids du bac qu’ils présentent à la collecte et du nombre de fois qu’ils le mettent sur la rue.
Le tri s’améliore
« Nous sommes arrivées au ratio de 157 kg de déchets résiduels par an et par habitant, soit une baisse de 30 % entre 2008 et 2016, relate Marie-Laure Journet-Bisiaux, directrice de gestion des déchets au Grand Besançon. Cela représente tout de même une baisse de 70 kg en moyenne par habitant. En parallèle, le tri des déchets recyclables a progressé de 13 % depuis 2012. » Alexandra Gentric, économiste au service mobilisation et valorisation des déchets à l’Agence de l’environnement et de maîtrise de l’énergie (Ademe), note que la TI « peut engendrer des incivilités comme des dépôts de déchets sauvages ou chez le voisin. Mais ces comportements s’estompent ensuite. » Cependant la frilosité des élus locaux retarde sa mise en place. « La TI nécessite d’équiper les poubelles et camionsbennes de matériel électronique, poursuit Alexandra Gentric. Il faut aussi, en amont, réaliser un important travail de recensement des foyers. » Dans le Grand Besançon, elle a ainsi mis quatre ans à être installée.